Abidjan, boulevard de gaulle occupé par des voituresINVESTIGATION 

Côte d’Ivoire: Le pays serait-il encore en état de siège?

Les ivoiriens ont-ils réalisé qu’ils sont toujours en guerre et que l’état qui les gère, est un état policier et que les choses ont changé de tactique et de nom?

Jean-Jacques Rousseau écrivait et je cite: » tout être humain est né bon et c’est l’environnement qui le change ». Je me permets par amour d’interpeller les uns et les autres sur les dérives qui ont besoin de réplique en fonction de leur teneur. Qui croit pouvoir s’octroyer le monopole de la violence?

Il nous est arrivé de parler de réconciliation nationale et le gouvernement ivoirien, ne semble pas entendre ces suggestions de la bonne oreille et nous avons tout compris. La Côte d’Ivoire qui, donnait des gages de sérénité et de paix, seule manquait à l’appel, la cohésion symbole de réconciliation nationale.

Il ne se passe plus de jours sans violence, d’incendie, destruction de biens personnels et de mort. Les partis politiques, complotent avec le gouvernement titulaire de toutes ces dérives. Le pays est à l’abandon total et tout y est permis. Le PDCI RDA de M. Bédié qui devrait prendre ses responsabilités pour équilibrer les choses, est de connivence avec son allié du RDR. Les ivoiriens sont au bord du gouffre et l’explosion n’est pas loin.

Revenons un peu sur le caractère tributaire de chaque groupe ethnique ivoirien. Les Akan, Krou, Wê, ne sont pas dans les affaires. Ils sont pour la plupart des planteurs et grands consommateurs de leur frère Mandé, c’est-à-dire les nordistes versés dans les affaires. Ils sont majoritaires dans le transport, le commerce, et les biens mobiliers et immobiliers. Alors si ceux qui subissent veulent riposter par la même ampleur des actes commis, où ira-t-on?

Deuxième constat, celui-là, est plus significatif. Il s’agit des accointances de nos jeunes à leurs grands frères. Blé Goudé a pris le président Gbagbo comme son père politique. Les deux purgent un tribunal qui n’a rien mais persiste à les garder. KKB s’est collé à son père Bédié, les deux sont là. Soro Guillaume s’est lié à son mentor de Ouattara, pour s’en sortir, il se trouve dans un dilemme. Parmi ces trois cas pour élucider ma thèse, j’en déduis que la nature est faite que, ce sont les oiseaux de même plumage qui volent ensemble. Soro, enfant de pauvre est allé lier amitié avec les plus riches, le voilà, refusé à la table des rois, parce qu’il n’est pas des leurs et c’est maintenant qu’on le lui signifie. Si Blé Goudé avait des problèmes avec son père Gbagbo, les vieux de leur région composeraient une délégation pour venir régler le différend, parce que le président Gbagbo est celui-là qui est né et écoute. Il comprend et pratique les us et coutumes. KKB pareil, récemment, a reconnu que son retour ferait du bien à son parti politique, il y est retourné. Mais le cas de Soro, devient très inquiétant.

Le camp dans lequel, il pensait pouvoir tisser sa toile, n’est plus prêt à le voir croître politiquement. C’est une vraie danse de sorciers à laquelle, les ivoiriens assistent et qui les dépassent. Et pourtant, tout portait à croire qu’il serait le seul à effrayer les adversaires d’en face qu’aucun parti politique n’ébranle. Comme dans un film western, la guerre qui est livrée à Soro, dénote que la Côte d’Ivoire, n’est pas sortie de sa guerre et qu’elle serait toujours en état de siège. Pour avoir annoncé son retour, tout s’écroule autour de lui. Et si, le camp dit Soro répliquait par la même forme de violence dont ils ne sont pas les dépositaires, qui perdrait? Soul to Soul, est emprisonné pour une affaire de cache d’armes, Touré Moussa le directeur de communication de Soro s’est vu son passeport retiré, Affoussy Bamba, Sékongo Félicien sont sur écoute téléphonique.

On annonce l’affectation des com’zone à l’extérieur du pays comme des attachés militaires dans les ambassades. Le propriétaire des établissements scolaires à Korhogo a vu ses établissements détruits sous le prétexte qu’il serait proche de Soro et que c’est maintenant qu’ils se sont rendus compte que le terrain sur lequel, il a bâti ce patrimoine appartiendrait au premier ministre Gon Coulibaly. Quand le serpent mord sa queue! Ce n’est pas drôle et réjouissant ce qui arrive à Soro et à ses amis. A côté de la Côte d’Ivoire, le Togo, le peuple ne veut plus entendre raison et exige le départ de Faure. Rien ne semble les arrêter et ceci ne peut-il pas freiner certaines ardeurs ivoiriennes?

On ne peut pas traumatiser tout le peuple tout le temps. Mais hélas, le spectacle que le régime offre à ses concitoyens, n’est pas joli. Donc, M. Ouattara briguerait un troisième mandat et Soro pouvait lui créer de l’ombrage si et seulement, Soro tentait l’aventure? A la guerre comme à la guerre, si les soroïstes renvoyaient par la même forme de violence, où irait-on? Qu’est-ce qui peut sonner le glas dans ces camps? Les ivoiriens savent-ils dans quel régime, ils vivent ou subissent? Quand est-ce qu’on désignera un des leurs, aller sonner la fin de la recréation? Des microbes, par-ci, des coupeurs de route par-là, des violeurs, des assassins, des prisons bondées de monde, dont personne en parle, certains y sont internés depuis plus de sept (7) ans, sans être passés devant un juge pour leur signifier leurs fautes ou crimes. Voilà le jeune Samba qui a fini de purger sa peine et continue de vivre en prison et personne pour lever le petit doigt. Ça ne va pas en Côte d’Ivoire et les champions qui pensent qu’ils sont indéboulonnables se paient le luxe de la violence et de la torture.

Quand certains ivoiriens applaudissent à ce qui arrive au camp Soro, alors je me pose cette question, quand est-ce qu’il y aura un déclic pour dire enfin à cette dictature que trop c’est trop? On ne peut plus parler de réconciliation nationale parce que la Côte d’Ivoire n’est pas sortie de sa guerre car les tenants du pouvoir veulent se maintenir encore au pouvoir, à tous les prix. Le PDCI RDA doit encore rêver donc car demain, ne s’offrira pas, mais il va falloir s’armer pour aller tout arracher si vraiment, on veut aller à ces élections capitales.

La Côte d’Ivoire serait-elle encore en état de siège, tout porte à le croire et tous les partis politiques se sont rangés dans leurs placards. Le loup est dans la bergerie et l’opposition a quitté les lieux en livrant ses agneaux.

Joël ETTIEN    

Related posts

Leave a Comment