Côte d’Ivoire: Que valent les Gbagbo l’un sans l’autre ?

Les Gbagbo, que vaut l’une sans l’autre ? Notre analyse consiste à apporter notre regard sur la puissance de l’un et l’autre sans les deux. Gbagbo était Gbagbo bien avant de rencontrer Simone Ehivet et Ehivet aussi, était Simone avant de faire la connaissance de Laurent. C’est dans cette alliance que les deux ont projeté de se mettre ensemble pour conduire le navire de leur combat politique.

La paire a formé le plus grand parti politique qui a résisté au président Houphouët Boigny et à ses puissantes relations, pour vaincre toutes ces intimidations, atrocités, prisons, pour se hisser sur le toit ivoire.

Sans rentrer dans leur parcours politique, ils ont mis l’accent sur ce combat et le soleil les a illuminés dans la gloire avant de les éprouver à nouveau. Ils sont fatigués par les épreuves dures, mais ils s’en sont sortis grandis, honorés. Mais, est-ce que ces temps nouveaux peuvent leur donner encore cette force de persuasion et de lutte ? Non, mais ils pouvaient aussi rester ensemble pour voir fleurir leur progéniture. Tout avait basculé pendant leur règne et sans doute à la fin de celui-ci.

Quand le président Gbagbo avait vu Hamed Bakayoko et Wattao, à la sorti de son bunker, il leur a dit ceci: « mes enfants, si vous voulez aller loin, sachez choisir votre épouse ». Le cordon venait de se couper en ce moment précis, l’homme était loin de sa femme, mais la chaleur et la sentence, n’avaient pas permis à Simone de comprendre qu’ils étaient arrivés au terminus.

Qu’est-ce Gbagbo sans Ehivet et vis-versa ? Tout le monde aurait souhaité la paire pour plus d’efficacité, mais chacun a tiré l’ensemble des biens et des maux de leur union et l’homme a déchargé son bagage. Comme le dit aussi l’adage: c’est celui qui porte son bagage qui en connaît le poids.
Pour éviter que l’un ou l’autre se serve de la notoriété, de l’onction de la force de l’autre pour émerger, l’homme s’est retiré parce que le faisant ensemble avec elle, les choses n’allaient pas aller dans le sens de sa vision qui consiste à redonner la chance à ses lieutenants dans une nouvelle aventure politique.

Gbagbo que l’on connaît, céder son parti politique et aller en créer un autre, l’homme veut garder sa petite force pour vivre aux côtés de ses jeunes endoloris sous le regard de sa petite femme, la grande étant désormais dans les oubliettes.

Quant à elle, elle espère toujours qu’il reviendrait, mais non, il a pris 10 ans pour faire le bilan de sa vie. La fin que Simone n’a pas voulu héroïque, mais plutôt suicidaire, il a préféré s’en débarrasser; il est parti sans remords et le monde ne le comprend pas. Gbagbo n’a plus besoin de l’avis des gens, il en a assez payé à cause d’elle.

Sans Simone, Laurent Gbagbo peut vivre sainement, politiquement et socialement. A ce stade de sa vie, qu’est-ce qui lui reste encore pour lutter des morceaux choisis ou imposés avec des gens qu’il juge suspects, complices de sa nouvelle mort ? Car la première mort a été terrassée par son innocence. Comme il le dit souvent, si Dieu lui a permis de revivre, il lui a fait faire le tri et Simone ne peut plus le suivre.

Politiquement, on entend çà et là que sans l’un, l’autre ne pourra rien; Gbagbo a créé son parti politique, le PPA-CI, qu’elle en fasse autant. Ce qui n’est pas si évident pour elle, l’est pour Laurent Gbagbo qui est parti.

Dans le jeu, on dirait que Simone ne s’y attendait pas mais Laurent lui, s’était préparé bien avant le chant du coq. Comme on le voit, sans leur fusion, chacun peut voler de ses propres ailes sans l’autre, c’est ça aussi le mystère du mariage.
                                                 

Joël ETTIEN

            Directeur de publication: businessactuality.com