L’après Bédié sera difficile à combler pour ces raisons qui vont suivre.
Qui va jouer le rôle du vrai père au PDCI RDA ? Qui sera le vrai parrain des militants et cadres de ce parti? Vers qui, ils vont se tourner désormais pour partager un temps soit peu, une affection politique ?
Qui n’a pas besoin de se confier à quelqu’un pour recevoir en retour, des mots d’apaisement ? Dans tout rapport humain, il y a un côté humain qui réconforte, qui apaise et le président Bédié jouait ce rôle au PDCI.
Quand un cadre se sentait dans le bas-fond, il demandait à le rencontrer pour lui porter ce bagage et le président Bédié trouvait toujours un mot de réconfort pour chacun, aujourd’hui, il n’y a plus personne et ce vide va beaucoup décourager.
Quand chacun se sentait poursuivi par un danger, comme si lui le président Bédié était entouré d’anti-balles, il courait y recevoir un petit mot de réconfort.
Prenons l’exemple de ceux qui sont allés aux élections locales. Ceux qui en sont sortis vainqueurs, vers qui, ils iront pour lui faire le compte rendu, dans une ambiance de convivialité fraternelle et paternelle?
En homme teinté d’humour, le président Bédié savait couver tous les fils et filles de son parti, aujourd’hui, le PDCI RDA n’a plus personne vers qui se tourner pour des soumissions, de confidences.
Le timonier est tombé.
Le dernier homme politique qui avait gardé ce sens humain et naturel, c’était bien lui, Aimé Henri Konan Bédié. Sa ville natale de Daoukro ne désemplissait pas et chacun voulait se confier, se mettre en sécurité, chercher un abri et il le retrouvait chez son père de Bédié. Pour garder ce rapport humain, il n’avait jamais quitté son village où il puisait sa culture et tradition.
Notre crainte pour ce parti, c’est cette absence qui va disloquer encore ce parti juste après l’inhumation du vieux. Pour le moment, tout le monde croit qu’il est là en vie et donc, ils peuvent encore espérer, mais c’est fini, la page Bédié est tournée.
Quand nous avons vu l’image où quelques gagnants du PDCI RDA aux dernières élections locales qui se sont rendus chez la veuve de leur père pour lui remettre leur victoire, c’est un grand symbole, mais le président Bédié n’y était pas. Un gros arbre vient de s’écrouler et trouver son remplaçant sera très difficile. Quelqu’un qui a ses moyens, qui ne faisait pas semblant de quémander chez les autres, ce quelqu’un au PDCI RDA, il va falloir attendre longtemps encore longtemps, pour en trouver car ceux qui sont là, ne savent pas partager, ils écoutent moins ou en cercle d’amis.
Celui qui avait réponse à tout, celui qui pouvait passer toute une journée à écouter les autres pour les soulager et les réconforter, ce quelqu’un là, n’existe plus au PDCI RDA.
Au RHDP, ce n’est pas pareil car le président Ouattara qui est teinté, imbibé d’une culture occidentale, se méfie d’eux. Il les rassemblera en groupe pour les féliciter et non individuellement. Il a choisi ses amis, dans son propre parti. Les autres qui ne sont pas dans son entourage, ne peuvent pas l’approcher pour lui soumettre des doléances. Il est distant de certains et ceux qui en ont cette possibilité ne s’ouvrent pas à lui. Ils lui mentent pour garder leur poste et leurs privilèges.
Quant au PPA-CI, là-bas, ce sont des rires, de la moquerie et chacun attend de voir le président Gbagbo au passage et c’est quand il se souvient qu’il fait appeler. Le cercle s’est restreint quand il est rentré de sa prison.
Pourtant, les relations humaines sont importantes. Au PDCI, le président Bédié ne faisait pas semblant et quand il recevait, il s’y donnait à fond pour trouver des mots justes pour chacun, sans fioritures. Nous craignons pour l’avenir de ce parti qui est basé sur ces rapports sincères humains et quand on regarde bien, ce portrait robot, n’y est pas, ou du moins pas pour l’instant.
Joël ETTIEN
Directeur de publication: businessactuality.com
