Corruption à AbidjanCÔTE D'IVOIRE 

LE CLAIR-OBSCUR POLITIQUE IVOIRIEN: FAUT-IL QUE DIEU REDESCENDE ?

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. En Côte d’Ivoire, gouvernants, opposants, gouvernés tous amnésiques ? Dans ce pays, entre décembre 2010 et avril 2011, la vie s’est déroulée tranquillement. Les populations vaquaient librement à leurs occupations quotidiennes. En  octobre 2020, l’élection présidentielle s’est tenue  dans un climat si apaisé que tout le monde était à la fête, dans la sérénité et la bonne humeur !

Sérieusement, que voulons-nous pour  notre pays ? Le jeu politique ivoirien, depuis plus de trois décennies,  est comparable à un théâtre d’ombres, un clair-obscur, avec plus d’ombres que de  lumières.

Bientôt, les élections municipales et régionales en 2023, puis la présidentielle en 2025. Les passes d’armes reprennent déjà, et encore, à travers des déclarations aussi virulentes, incendiaires que politiquement et humainement contre-productives.  Qui a intérêt à ce que la Côte d’Ivoire chavire ? En réalité,  pour le malheur de la sous-région ouest-africaine voire l’ensemble du continent !  

Politiciens Ivoiriens, ne soyez pas simplement que des acteurs dans la tragi-comédie politique nationale interminable que vit le pays depuis la disparition de son premier président, Félix HOUPHOUËT-BOIGNY, le 7 décembre1993 ! Devenez véritablement des artisans politiques, pour construire la vie et offrir de l’espérance! La politique consiste à aider à l’amélioration de la société et à la promotion de l’humain, par une action publique porteuse de solidarité nationale. A ces fins, il est plus qu’indispensable de favoriser l’organisation et le fonctionnement d’un l’État institutionnalisé, rationalisé et humanisé. L’initiative et la responsabilité des réformes pour faire avancer la société incombent, principalement mais non exclusivement, aux gouvernants avec une mission pédagogique.

La confusion entre l’État et le groupement politique au pouvoir, une culture africaine dont il faut se départir nécessairement, reste une source potentielle et réelle de dérives dans la gouvernance et de conflits d’intérêts divers. La plupart des principaux acteurs politiques Ivoiriens ont connu l’exil et plus, malgré la constitution qui l’interdit! Quand toute une vie se retrouve dans une valise pour un voyage en vue d’un séjour incertain en terre étrangère, il y a à méditer !

Nos contradictions nationales, inévitables dans toute société humaine, devraient pouvoir trouver des solutions raisonnables aux moyens du droit, des institutions et de l’éthique républicaine et sociale. Personne ne dispose de la vérité absolue. <<Avoir toujours raison, c’est un grand tort>>. (Edgar Faure). Dans ce sens, le pouvoir judiciaire a une énorme responsabilité dans le maintien ou la dégradation du climat sociopolitique.  << En temps de paix, après Dieu, les magistrats disposent du pouvoir le plus puissant dans la société>> (Robert Badinter).

Que retiendront ou apprendront de nous nos enfants, leurs enfants et les générations futures ? Aide -toi, le ciel t’aidera ! Gare à ceux qui feront mentir le ciel! Le tribunal de l’Histoire est implacable. Le persévérant et endurant peuple ivoirien, si accommodant, -force ou faiblesse?- , attend légitimement de sa classe politique engagement, humilité et circonspection, des constantes d’une gouvernance heureuse. Il le mérite bien  et  aspire  profondément à la paix, la cohésion sociale et l’unité nationale.

Le Président Félix HOUPHOUËT-BOIGNY a laissé, pour la postérité, un message puissant dans son rapport de politique générale au IXème Congrès- son dernier congrès- du PDCI-RDA, ancien parti unique  au pouvoir, le 1er octobre 1990, à Yamoussoukro. Il déclarait, concernant la gestion du multipartisme: << Notre attitude à l’égard de l’opposition doit être loyale… Je vous demanderais pour les prochaines élections de vous comporter en vrais citoyens, en vrais démocrates…La compétition entre les partis doit se faire dans un cadre fraternel >>. Mais, avons-nous encore le sens de la fraternité ?
             

Décembre 2022
              Pierre AYOUN N’DAH
              Docteur en Droit public
              Ancien professeur à l’Éna-Abidjan 

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