Les derniers moments du président Bédié: « les hommages ».
Décédé le 1er août 2023, le président Bédié renaît dans les esprits et tout le monde s’apprête à lui rendre les adieux, à travers des hommages. Les derniers jours du président Bédié s’illuminent avec des oraisons fumant la trahison, l’amitié, le regret et le chagrin.
Il nous avait donné son âge, mais son parcours politique, aussi riche, nous a laissés sur notre faim et nourrit notre fin. N’zuéba n’est plus, celui qui avait tout le temps de la liquidité et qui réglait les problèmes à tour de bras, dans son village natal de Daoukro qui fermera ses portes, juste après l’inhumation. Ceux qui parcouraient cette distance pour aller exposer leurs problèmes, pour ceux qui espéraient y le voir pour tenter des médiations, le rayon va ternir ses ardeurs.
L’incompris mais patriote, celui qui a lutté pour son pays et pour ses frères et sœurs ivoiriens, le mal compris, après un séjour froid dans un casier à la morgue de l’IVOSEP, celui qui n’avait jamais aimer le froid, raison pour laquelle, il se rendait à Paris pendant l’été, il va sortir de cette glace pour se retrouver dans sa nouvelle demeure qu’il a lui-même construit avant de tirer sa révérence pour toujours. Dans l’hypocrisie, ils vont s’aligner comme des chenilles à la queue Leu Leu pour le regarder couché dans son cercueil, les yeux clos, fermés, le visage endormi dans l’espérance de ses propres vœux.
Comme aucun mort ne laisse aucune leçon de moral, parler que la vie dans l’instant, sombre les espoirs, N’zuéba s’en va, s’il n’est pas parti même, car 1 an isolé dans une glace, son esprit est parti et son enveloppe va attirer toutes ces hypocrisies avec les larmes parfois de crocodile, Bédié est parti avec son mystère tantôt de fautif ou d’innocent. À ce stade, le jugement appartient à son créateur, pour qui, il avait son long chapelet et sa grosse bible et qui priait sans cesse. Si ce dieu existe, il aura tout gagné, s’il n’existe pas, il n’aura rien perdu, mais personne n’y est allé pour revenir nous donner la vérité ou le mensonge, mais sur terre, on continue de plier genoux, pour réciter les mêmes versets.
Le président Bédié s’en va définitivement rejoindre les siens, dont on souhaite qu’il les retrouve dans la joie dans leurs retrouvailles. Il reviendra ces jours-ci pour voir qui sont ceux qui vont laconiquement, viendront couler leurs larmes sur leur visage, sincères ou pas, il va sourire, mais personne ne le verra, mais lui, il sera là sans doute avec des amis, parents, pour voir toute la nation ivoirienne se trémousser dans l’émotion.
Qu’on l’ait aimé ou pas, on le voit, dans sa taille d’1m65, la forme dodue, souvent le chapeau sur la tête parcourant son vaste champ multi-fruits, se posant parfois sur le bord du bord de ses lacs, il portait la réflexion et les charges de son passage incompris.
Il a été le seul dans l’histoire politique ivoirienne à avoir subi un coup d’état en plein mandat. Ce qui l’a chagriné à sa mort. Ce public sera là aussi, avec des lunettes fumées, assis sous les tentes, pour écouter les chansonniers baoulé fredonner ses louanges et ses nombreux mérites. Heureusement que dans sa famille politique, le trou a été bouché par son filleul Thiam dont il a été, je crois le parrain, sur ce sujet, il n’a pas à s’inquiéter. Ses enfants aussi ont grandi pour être des grands s’assumant dans leurs différentes responsabilités.
Il a bien vécu sa vie et pour certains, il sera un exemple et pour d’autres, ils vont regarder ailleurs et c’est le charme de cette vie pleine de visions de diverses couleurs. Pars en paix! On t’a combattu, jugé, conspué, mal compris, souvent accusé pour des faits dont tu n’y as pas mis ta main, et jamais, tu n’as apporté de démentis, tantôt, tu portes la charge en ta qualité de donneur d’ordres. N’zuéba, ne taris pas ton lit, ceux qui en savent le secret, iront boire son eau pendant la saison sèche. Lumière sur ton parcours. Le pays reste!
Joël ETTIEN
Directeur de publication : businessactuality.com
