Fonctions ministres-gouverneurs en Côte d'IvoireCÔTE D'IVOIRE 

L’ORDRE EST LE CIMENT DE LA RÉPUBLIQUE

L’ordre est le ciment de la République. Il doit d’abord venir de l’État, détenteur de la force publique. La puissance publique pourrait ainsi l’exiger des autres entités de la nation ainsi qu’aux citoyens et à toutes les populations, vivant sur le territoire national. L’État a donc le devoir d’exercer une autorité ferme mais juste, pour renforcer sa légitimité et assurer la paix, sur la base du principe et de la valeur de la vérité. Il doit le réaliser avec le concours de forces de l’ordre républicaines et d’organes juridictionnels qui disent et appliquent le droit.

La vision et la sagesse sont requises pour une conduite raisonnée de l’État, puissance publique, source de protection des citoyens. Manifestement, il est regrettable que s’installe de plus en plus dans notre pays la Côte d’Ivoire un désordre observable, marqué par la violence à l’occasion des élections. Dans une démocratie digne d’un État moderne, l’élection constitue un temps d’aération périodique, d’évaluation de l’action politique, pour le renouvellement des mandats. Les dirigeants en fonction peuvent être reconduits, pour leurs réalisations ou remplacés, par le jeu de l’alternance, en fonction des programmes de gouvernement issus de projets de société, présentés par les différents candidats. Par ce jeu démocratique, l’opposition peut ainsi accéder au pouvoir.

Peut-on rester indifférent face à une mutation des mœurs et pratiques politiques à l’effet incertain ? L’intérêt national amène à relever quelques préoccupations concernant le fonctionnement des institutions, en vue de la recherche de solutions idoines.

L’une des préoccupations majeures porte sur les modalités de nomination aux emplois supérieurs de l’État, qui devraient obéir à une orthodoxie institutionnelle rigoureuse. Par ailleurs, les incompatibilités prévues par la loi ne sont pas appliquées. Être directeur d’administration et parlementaire en exercice pose à la fois un triple problème de droit, de déontologie et d’éthique.

Les relations entre le pouvoir Exécutif et les partis politiques, particulièrement le parti au pouvoir, restent à clarifier pour garantir l’impartialité de l’État. Être membre de direction de parti et responsable de service public ne paraît pas souhaitable.

La confusion des genres dans la gestion des affaires publiques constitue une source de biais dans la prise de décision et l’exécution des actes. Cette situation est de nature à susciter l’arbitraire et des frustrations, portant ainsi atteinte à la sécurité juridique des fonctionnaires et agents de l’État, garantie par la loi. Il en est de même pour l’égalité des chances au regard de l’ensemble des citoyens et surtout de la neutralité de l’administration.

Et la presse ? Qualifiée de quatrième pouvoir, la presse est un puissant instrument de communication et d’influence des opinions. Elle peut être un outil pour construire ou une arme pour détruire. À choisir !

D’ailleurs, cette presse ne semble pas avoir emprunté la meilleure voie aujourd’hui, pour la paix, la cohésion sociale et la réconciliation nationale !

À l’observation, il n’existe pas à ce jour une institution qui sanctionne les manquements aux principes et règles démocratiques. Sinon les acteurs politiques auraient plus fait attention à leurs déclarations et leurs actes.

Au demeurant, depuis le Coup d’État de 1999, une désadministration s’est installée progressivement au cœur de L’État. En effet, l’intégrité du recrutement à la Fonction publique ne paraît plus être en adéquation avec les exigences de sélection nationale, représentative du corps social dans sa diversité. En cela, l’intelligence politique concourt à assurer la stabilité de l’État et le sentiment d’appartenance pour l’intégration nationale.

Enfin, la Commission électorale indépendante (CEI) fait l’objet de nombreuses critiques dans l’accomplissement de ses missions. Sur ce dernier point, la logique qui a présidé à la conception de la CEI dans ses missions, son organisation et son fonctionnement apparaît tout simplement, et pour le moins, surréaliste. Un corps arbitral composé d’acteurs ou de sympathisants des équipes en compétition ne peut être serein, objectif et juste. Il faudra donc envisager la professionnalisation de l’organe, avec des membres désignés parmi des personnalités qualifiées et des agents dûment formés, pour une organisation satisfaisante des élections. L’efficacité se trouve dans la formation et précisément la spécialisation. Une mission d’experts nationaux et internationaux pourrait être commise à cet effet. La réforme de la CEI, rationalisée, sera assurément salutaire pour l’équilibre de la nation et la quiétude des populations. Un autre problème sérieux consiste en la perception du fait électoral par les populations. Quel choix électoral éclairé pour le citoyen ivoirien, pour la sincérité du vote et la crédibilité du scrutin ? Tel devrait être le premier axe d’intervention de la CEI !

Dans l’ensemble, on peut mieux faire.

Les constructions d’infrastructures sont nécessaires au rapprochement entre les communautés et entre les individus pour la dynamique sociale et les échanges économiques, commerciaux et culturels. La mise en œuvre par le gouvernement d’un programme social (PSGouv) depuis 2017, avec le Premier ministre Amadou GON COULIBALY (de Vénérée mémoire), contribue à la protection et la promotion de la dignité humaine des populations bénéficiaires. Aussi, le Président Alassane OUATTARA pourrait renforcer son bilan par l’accroissement des efforts de construction de la paix, la cohésion sociale et la réconciliation nationale. Il s’agit véritablement de construire l’humain. C’est lui qu’il convient « de promouvoir, de faire vivre et de développer » (De Gaulle).

L’homme d’État français affirme, par ailleurs : « L’admission des procédures démocratiques n’est pas tant affaire de principe que de nécessité réaliste. Tant il est vrai que les pouvoirs publics ne valent, en fait et en droit, que s’ils s’accordent avec l’intérêt supérieur du pays, s’ils reposent sur l’adhésion

confiante des citoyens ». Cette déclaration est extraite du Discours de Bayeux, 16 mai 1946, préparatoire à la conception et l’élaboration de la constitution française de 1958, toujours en vigueur. L’éternel débat relatif aux rapports entre la légalité et la légitimité en matière de gouvernance !

Au-delà de nos différences, somme toute normales pour des êtres de raison, nous demeurons des frères dont le destin est de vivre ensemble, malgré tout ! Dans l’ordre et la discipline (discipline des gouvernants, discipline des gouvernés), nous pourrions bâtir, solidement et en confiance, une nation de paix, de dialogue et de prospérité partagée, au destin glorieux,  » la patrie de la vraie fraternité « .

8 septembre 2023

Pierre AYOUN N’DAH

Docteur en Droit public

Ancien professeur à l’ENA d’Abidjan

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