Métro-Abidjan: Les populations victimes des travaux ne sont pas contentes.
Le pouvoir ivoirien envisage de créer un métro pour renforcer le réseau routier des transports de personnes, mais il y a un hic, les conséquences sociales que ce projet crée, sont pour l’heure, inhumaines. Nous venons d’assister à des scènes de désolation des victimes du quartier de Gonzagueville, sous-quartier de Port-Bouët, qui doivent quitter les lieux rapidement, pour laisser la place aux travaux du métro.
Les populations subissent les travaux du métro d’Abidjan
Les populations censées recevoir dans la joie ce métro, estiment qu’elles n’en veulent pas car elles ont d’autres préoccupations majeures, entre autres, la santé, l’éducation, le panier de la ménagère dégarnie et en plus, il semble que le gouvernement n’a pas prévu de mesures d’accompagnement, c’est-à-dire, une fois déguerpies, sauve qui peut.
Nous savons que le transport à Abidjan est très exigu et le nombre de voitures en circulation est tel qu’il y a toujours des bouchons. Vouloir augmenter le transport pour varier celui-ci, n’est pas mauvais en soi, mais, pour ceux-là, une négociation serait au préalable judicieuse. Dans leur colère, ils sont tous unanimes que rien n’a été fait dans ce sens. Ils sont surpris de se voir livrer à eux-mêmes et le plus hilarant, c’est l’absence de leur maire.
Les mesures d’accompagnement qu’ils réclament sont humaines et non politiques dédaigneuses contre le pouvoir. Parmi ces populations qui vivent sur cette parcelle de terrain où le métro est censé passer, certaines sont là depuis plus de 40 ans. On peut peut y compter des veuves, des orphelins, des veufs, des handicapés, des femmes enceintes, des nourrices, ect.
Les négociations pour les déloger n’ont pas abouti de manière sincère car, les agents de l’état qui étaient commis à cette tâche ont fui leurs responsabilités, à cause du comportement de ces populations qui posaient des revendications qui consistent seulement que l’état les reloge avant de passer à la démolition de leurs habitats et quand les agents retournent, ils disent autre chose que ce que la population leur pose comme conditions.
Les décideurs ayant cru à ces négociateurs, veulent procéder à la démolition et il se trouve que rien n’avait été décidé au préalable. Que faire ?
Pour la construction du métro abidjanais, des riverains sont jetés dans la rue. Un métro fait le bonheur et non le contraire.
Déjà, il faut que la société de transport abidjanais, la SOTRA fasse tout pour inciter les populations à considérer le bus comme, ,un privilège et non, une descente aux enfers. A Abidjan, quand on descend d’un bus, le regard des gens sur toi change comme si, emprunter le bus pour des courses serait réducteur. Il faut faire des campagnes que prendre le bus, n’est pas diminutif et bien au contraire, serait signe d’une certaine élévation d’esprit.
En Europe, certains premiers ministres, des députés, des maires, des élus, se rendent à leurs bureaux à vélo, on en rencontre dans le métro, les RER, Trams, bus, mais à Abidjan, l’état fait des efforts qui ne sont pas suivis d’accompagnements honorifiques. Il faut faire des campagnes dans ce sens.
Pour les populations à dégager, il faut attendre de les recevoir, à nouveau. Elles se sont regroupées en association, donc, il serait facile de les repérer pour reprendre de nouveaux angles, sinon procéder tel que nous avons vu, serait synonyme de paria, de rejet social. Nous ne pensons pas que le président Ouattara serait heureux de voir encore ses populations dormir dans les cimetières, faute de maison, pour des populations qui avaient leur propre logement.
Joël ETTIEN
Envoyé spécial à Gonzagueville