Tidjane Thiam au PDCI-RDACÔTE D'IVOIRE 

PDCI-RDA: Un cadre du parti, félicite Thiam et l’informe des obstacles pour remporter la présidentielle de 2025

Après la disparition brutale le 1er août du président Bédié, le PDCI-RDA se cherchait un homme charismatique doublé de multiples atouts « pour battre Alassane Ouattara à l’élection présidentielle 2025 ». Il l’a trouvé en la personne de Tidjane Thiam, l’un des petits fils du père de la nation ivoirienne feu Félix Houphouët-Boigny. 

Le défi pour le parti était double :

Répondre à l’obligation statutaire d’élire le président successeur à l’issue d’un congrès extraordinaire dans un délai de 6 mois et que ce nouveau président ait politiquement l’étoffe d’un candidat d’espoir pour aller à l’élection présidentielle à venir que la constitution situe en octobre 2025. 

Depuis le 22 décembre, la première obligation a été résolue et le successeur politique du président Bédié à la tête du PDCI-RDA a été élu. Bravo à monsieur Tidjane Thiam l’heureux vainqueur qui a été pratiquement plébiscité face à monsieur Jean Marc Yacé.

Organisé dans des conditions critiquables selon certains militants, le congrès extraordinaire a laissé un champ de mines que le vainqueur de l’élection doit falloir déminer.

Par ailleurs, vue que le parti a précipitamment annoncé qu’il devait être le candidat à l’élection présidentielle de 2025, on peut déjà lever le voile sur  quelques difficultés qui attendent le PDCI-RDA et son champion. 

Exposé et analyse :

1) Comment Thiam est arrivé dans le jeu politique. 

Bien introduit, celui qui pourra nous dire avec exactitude, comment le polytechnicien converti dans la finance a brusquement dérouté ses ambitions, dans une géométrie d’est à l’ouest, presque de bâbord à tribord, pour plonger dans le marigot politique.

En effet, parachuté à la tête du bnetd, fonction dont il en avait largement le profile, il entre au gouvernement du président Bédié en qualité de ministre  du prestigieux département du plan et du développement. Probablement une salle d’attente pour accéder au poste de premier ministre. C’aurait été ainsi, on aurait soupçonné le destin qui le positionne aujourd’hui comme un digne candidat à  la magistrature suprême. 

Mais le coup d’Etat brutal du 24 décembre 1999 et son absence prolongée durant 24 années hors du pays a bien laissé pousser les herbes, presque la forêt, sur le chemin qui conduit à ce trône. 

Du coup l’homme au profile incontestablement excellent se retrouve avec des ailes lourdement plombées.

Et pour cause. 

Entre autres griefs, on peut reprocher à l’ancien ministre et fils de Yamoussoukro d’avoir abandonné ses parents. Par exemple, Il a brillé par son absence aux obsèques des légendaires frères Jean et Charles Konan Banny, autres figures emblématiques de Yamoussoukro. Quant à la vie du PDCI-RDA, il n’est revenu que 24 ans après pour y payer ses arriérés de cotisations. Ses supporters ne cessent de le défendre en arguant qu’il soutenait le parti en sourdine. Vraiment ? On en saura plus certainement dans un proche avenir. Dans tous les cas, en politique, on ne comptabilise que ce qui est visible et non les intentions ni les dessous de table. 

Par ailleurs, parce qu’il est inscrit que qui veut voyager loin ménage sa monture, il est loisible de douter que le subit goût à la politique de monsieur Thiam lui a été suggéré. Car intelligent qu’on le crédite on ne comprends pas qu’il ait laissé le bébé PDCI-RDA patauger dans la boue avant de vouloir le soulever. Jamais d’opération de séduction politique auparavant et le voici dans l’arène.

Aujourd’hui, on peut Affirmer que Thiam contrôle le PDCI-RDA légal. Mais, pour sûr, il en faudra beaucoup pour obtenir la légitimité du PDCI-RDA réel. 

2) Les maladresses dans les méthodes et les messages de campagne. 

Débarqué à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny à bord d’un jet privé avec pour seul objectif de s’inscrire, à quelques heures de la clôture des dossiers, sur la liste des candidats à l’élection présidentielle du PDCI-RDA, Thiam a été accueilli avec beaucoup de bruits qui annonçait une campagne avant la lettre. 

Dans l’équipe de campagne dont ses frères Aziz et Augustin, tous les deux, hauts dignitaires du RHDP, on compte son directeur de campagne, le médecin Député-maire de Port-Bouët Sylvestre Emou, Djédri N’goran directeur administratif du PDCI-RDA, Ehouman Bernard l’inspecteur d’Etat directeur de cabinet de feu le président Bédié et autres. Des personnalités bien connues avec chacun ses performances et ses contre-performances politiques. 

Pendant la campagne beaucoup d’argent a circulé, et de manière bien bruyante. Quant au slogan il était  maladroitement conçu était ainsi libélé : « il faut une personnalité qui a de l’argent et un carnet d’adresse en occident pour pouvoir battre le président Ouattara » en 2025. Et ça murmure qu’il est l’ami du président Macron que le monde sait qu’il n’est pas l’ennemi de Ouattara. 

3) Le PDCI-RDA est-il encore un rouleau compresseur électoral ?

À cette question, il est loisible de répondre par un non, à haute voix. D’abord le PDCI-RDA,  c’était quoi avant Thiam ?

Le parti a toujours été une grande cours royale avec des courants centrifugeuses qui savaient bien souvent se concentrer autour de l’essentiel.

Mais quelques années avant l’élection présidentielle nationale de 2020, beaucoup de tendances ont mue en équipe de campagne derrière leur mentor. Monsieur Billon Jean Louis avait affiché ouvertement sa volonté d’être candidat, monsieur Bendjo Noël Akossi laissait entrevoir son intention qu’il aurait exprimé en filigrane à Bédié tandis que d’autres obligés aux leaders Allah Rémi, Niamien N’goran, Maurice Kacou Guikahué les exhortant à se lancer dans la course. 

Seulement voilà qu’à la mort du président Bédié, tous ou presque, ont perdu leur latin, créant pour certains une déception dans leur camp pour d’autres un soulagement. Presqu’un abandon en plein vol comme dirait l’autre, de leurs thuriféraires et sympathisants.  Certains de ces leaders sont perçus parmi les personnes qu’on dit avoir insisté auprès de Thiam pour venir prendre le PDCI-RDA. Malheureusement, comme a écrit le sage Amadou Hampaté Ba qui « si ramasser est facile, courbé est difficile « . La présidence du PDCI-RDA est vide, non seulement de son président, mais aussi du premier cercle de sa nomenclature. Face à la démission des anciens, Thiam devrait déterminer la bonne méthode pour prendre ce poste. Son grand père Houphouët-Boigny disait : << pour diriger un troupeau de plusieurs bœufs le berger n’a besoin que d’un bâton,  mais pour diriger un groupe de 10 personnes, le leader aura besoin de 10 bâtons car chaque personne a sa sensibilité >>.

Les méthodes et les contenus des slogans des partisans faisaient le mépris en présentant parfois les adversaires comme des plaisantins. 

Et les réactions n’ont pas tardé. Deux militants, seulement deux, ont bloqué le congrès dans la première monture. Que vaut une machine électorale sans cohésion sincère et sans humilité ? Et puis, depuis les victoires des candidats indépendants aux différentes élections parlementaires et locales on comprend aisément que les partis politiques de l’opposition et même du RHDP au pouvoir, ne sont plus des rouleaux compresseurs. 

4 ) Le cas Guikahué, une maladresse de l’homme et de ceux qui ont voulu en tirer profit. 

Personne ne peut prédire ce que le professeur Guikahué deviendra politiquement après son retrait controversé de la course à la présidence du PDCI-RDA. Pour l’heure, il a manqué de stratégie pour s’affirmer incontournable selon certains analystes. Pour eux, il devrait se référer au général Gueï Robert qui a cité le philosophe pour dire :  » la meilleure façon de ne pas partir c’est de partir ».

Si Maurice Kacou Guikahué avait prétexté que la proximité vécue avec monsieur Bédié,  ne lui donne pas la force morale de prétendre à son fauteuil pendant qu’il est encore dans un casier au milieu des glaçons à la morgue, il aurait bénéficié d’un standing ovation dans n’importe quelle tribune et dans le cœur de tous ceux qui aiment Bédié. 

C’est cela sa maladresse. Quant aux supporters de Thiam, ils n’ont pas fait de cadeaux à celui qui leur a causé certainement des frustrations avec son tout puissant statut de chef du secrétariat exécutif. Quel collaborateur d’un grand homme politique, peut-il être exempt de reproche ?  Tous les frustrés ont trouvé en Thiam celui qui devait faire leur combat par procuration. Ils l’ont poussé à lancer cet appel au ralliement, avec ironie depuis la tribune de la fondation Houphouët-Boigny  :  » je lance un appel à mon aîné le Sg en chef le professeur Guikahué de nous rejoindre…. ».

Et de répéter à la demande de certains militants. C’était mal pensé. 

En politique, disait le président Houphouët-Boigny, on peut battre son adversaire mais il ne faut pas éviter de l’humilier. 

5) Le RHDP,  comme un buffle en embuscade.. 

Dès l’élection du président Thiam à la tête du PDCI-RDA,  le RHDP qui semblait bien s’ennuyer depuis la mort de Bédié, a aussitôt dégainé pour lancer des salves dans sa direction. 

Depuis, comme un buffle en embuscade, il attend. Pour sûr le RHDP est entrain de chercher l’angle d’attaque. 

Conclusion 

Comme on le voit donc, monsieur Thiam a gagné le combat de la prise de la présidence du PDCI-RDA. Pour la suite, il a beaucoup à faire pour trouver ses marques dans le PDCI-RDA et aussi dans la population. Il a besoin de choisir les hommes et des femmes doublés de compétence et d’humilité. Sinon la suite et la fin risquent de décevoir. On le présente très instruit et super intelligent,  le temps est venu de faire appel à ces talents. 

Doumbé Zongo 

Observateur et contributeur 

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