Célébration de la journée internationale de la presse et de la sécurité des journalistesINVESTIGATION 

Presse / Quatrième pouvoir : un puissant qui se fait larbin ?

Le monde entier a célébré en ce 03 mai la journée internationale de la liberté de la presse et de la sécurité des journalistes. Il n’y a pas de monde sans dirigeants et il n’y aurait pas de dirigeants honnêtes, responsables, intègres pour une gouvernance vertueuse et éthique des choses publiques sans des journalistes crédibles, indépendants, professionnels, intègres à la conscience humaine élevée et à la responsabilité sociale irréprochable.

À l’image du monde, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ne sont pas en marge de cette célébration dans des contextes aussi paradoxalement différents que similaires. Les crises politiques y couvent même si elles diffèrent souvent de nature.

Dans ces deux pays frères siamois aux liens historiques deux icônes trônent au firmament et au panthéon de la presse libre et indépendante en l’occurrence Norbert ZONGO pour le Burkina Faso et Noël X Ebony pour la Côte d’Ivoire.

Norbert ZONGO avec pour nom de signature Henri SEBGO, journaliste d’investigation et fondateur du quotidien l’indépendant fini assassiné le 13 décembre 1998 en laissant un nom prestigieux qui incarne aujourd’hui tous les fondementaux de la presse au Burkina Faso.

Noël X Ebony de son vrai nom Noël Essy KOUAME, journaliste éclectique, autodidacte et très engagé fut traqué, exilé au Sénégal et mort dans un accident aux conditions sombres et suspectes le 22 juillet 1986 en laissant lui aussi son prestigieux nom à la postérité qui incarne toute la symbolique de la presse ivoirienne avec à la clé le Prix éponyme des Ebony qui célèbre et distingue les meilleurs journalistes ivoiriens chaque année. La dernière édition en date, la 25è du genre s’est conclu le samedi 27 avril dernier avec la consécration de Ly Aimé au St Graal de Super Ebony 2024.

Cette année La Côte d’Ivoire gagne une place, de la 54è à la 53è sur 180 pays au classement Reporter Sans Frontières de la liberté de la presse.

Quant au Burkina Faso dans un contexte sécuritaire et politique complexe avec la restriction de la liberté de la presse et d’expression ayant conduit à la suspension de plusieurs médias rétrograde à la 86è place perdant 28 place de son rang de 58è l’année dernière.1,96/4 est la note du Burkina de l’indice de la liberté de la presse 2023 publié ce vendredi par le Centre national de presse Norbert Zongo qui précise que c’est la première fois que le Burkina n’a pas obtenu la moyenne.

Derrière ces tableaux apparemment opposés, se présente néanmoins un catalogue de journalistes des deux pays qui se tirent à boulet rouge dans tous les sens, chacun convaincu d’avoir de son côté le dirigeant idéal, rationnel, démocrate ou révolutionnaire à défendre, passionnément, des puissants qui se détournent volontiers de leur outil de quatrième pouvoir pour se tourner impuissants vers les prébendes tels des larbins. Comme des brebis égarées fonçant têtes baissées vers des étangs boueux qu’ils prennent pour la prairie, certains journalistes des deux pays ignorant leurs responsabilités sociales en tant que africains veulent forcément à tout prix copier à la lettre le regard des médias occidentaux sur l’Afrique pour se dépeindre mutuellement en noir au profit de l’occident alors que les journalistes de ces médias occidentaux, comme les grands sujets mondiaux nous le démontrent toujours, ne cracheront jamais sur le prestige de leur nation, la pertinence de leur narratif, l’intérêt de leur peuple et la suprématie de leur civilisation occidentale.

Au Burkina Faso Norbert ZONGO était contemporain de Thomas SANKARA et de la première révolution burkinabè. Bien qu’il ne partageait pas les idées de la révolution, précoce et vulnérable de par la guerre des clans et de leadership selon lui, il est resté lui-même en plaçant l’intérêt et la dignité du peuple comme le seul moteur de sa vocation professionnelle.

Cette réticence vis-à-vis de la révolution était d’ailleurs aussi l’opinion de la classe estudiantine de l’époque qui était opposée à Thomas SANKARA, estimant que la révolution n’est pas un fait acquis mais un processus évolutif. Cela ne les a pas empêché non plus, pour autant de se faire enrôlés volontairement pour défendre le pays dans la guerre dite des pauvres en 1985, laissant bics, craies, cahiers et livres  pour la kalachnikov, les VDP d’une autre époque, Volontaires pour la Défense de la Patrie.

Aujourdhui si Norbert ZONGO était encore des nôtres dans ce contexte actuel il se serait fait volontairement enrôlé VDP en portant sa plume au-delà des FAITS de guerre pour aller dans les profondeurs des CAUSES de guerre et il aurait intelligemment tu ses divergences de forme avec le Capitaine Ibrahim TRAORÉ pour converger les intelligences vers nos exigences existentielles humaines de fond. Encore qu’il faut bien que ce dernier déroule un programme clair et pérenne en donnant également la preuve de son indépendance totale vis-à-vis du marigot politique burkinabè avec ses intrigues, son cynisme et sa cupidité.

Cet 03 mai 2024, célébrons l’intelligence de la presse africaine pour que meurt la bêtise de la méchanceté humaine, PROFESSIONNELLE de la part de la presse ou POLITIQUE de la part du POUVOIR.  Le journaliste n’est pas l’ennemi du pouvoir, il a le pouvoir, il est le pouvoir, le quatrième pouvoir, il est un  partenaire intelligent par excellence à tout dirigeant conscient par essence.

KABRE Yamba 

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