La Sibérie sous les flammesA LA UNE RUSSIE 

Russie: victime du réchauffement climatique, la Sibérie s’enflamme

Après un été 2019 marqué par de violents incendies, la Sibérie s’enflamme de nouveau. Dans cette contrée recouverte en grande partie de glace, les facteurs d’aggravation du réchauffement climatique s’accumulent.

La Sibérie en feu

Durant l’été 2019, les feux de forêt en Sibérie, d’une ampleur inédite, avaient marqué les esprits et ravagé près de 15 millions d’hectares. Un an plus tard, c’est rebelote. « Ceux qui ont suivi la saison des incendies de l’Arctique en 2019 pourraient ressentir un sentiment de déjà-vu », alerte Copernicus, le service européen d’observation sur le changement climatique (CAMS), qui craint de voir cet épisode d’incendie se poursuivre dans les semaines à venir.

Plus de 4 millions d’hectares de forêts ont brûlé sur le territoire de la Russie depuis le 1er janvier 2020, selon les autorités. Ce chiffre atteindrait plutôt 13,5 millions, selon l’antenne russe de Greenpeace qui se base sur l’observation d’images satellites. Le 15 juillet, la lutte contre les flammes concernait plus de 187 incendies pour une superficie de 44 460 hectares (ha). Et dans les terres inaccessibles et éloignées où les pompiers n’interviennent pas, 106 incendies de forêt sont surveillés sur une zone couverte par 269 688 ha de feu, selon l’Agence fédérale des forêts russe. Un chiffre toutefois en baisse par rapport au bilan de la semaine dernière.

La situation inquiète d’autant plus les spécialistes que l’intensité des incendies de forêt boréale, qui a particulièrement augmenté à la mi-juin dans l’extrême nord-est de la Russie, atteint généralement son point culminant en juillet et août. En ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre issues de ces feux, le record des 18 dernières années est d’ores et déjà battu. « Pour juin, un total estimé de 59 mégatonnes de CO2 a été rejeté dans l’atmosphère, ce qui est plus que le total de 53 mégatonnes de CO2 de juin de l’année dernière », selon le CAMS.

« Les températures moyennes ont atteint jusqu’à 10°c au-dessus de la normale en juin »

Dans cette région du monde peu peuplée, tous les facteurs sont réunis pour favoriser la progression des flammes. En cause notamment : les fortes températures recensées depuis le début de l’année dans la région sibérienne. Si l’Organisation météorologique mondiale souligne que les températures ont augmenté dans le monde entier, elle note que le réchauffement de l’Arctique, lui, sera probablement plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale en 2020.

D’autant qu’il s’amplifie au fil des ans. « L’examen des données à plus long terme nous indique en outre que des températures allant jusqu’à 2,5°C au-dessus de la moyenne se sont produites à quelques reprises au cours du XXe siècle, mais des anomalies de près de 3°C ou plus ne se sont produites qu’au cours du XXIe siècle », rapporte le service d’observation européen.

En Sibérie arctique, « les températures moyennes ont atteint jusqu’à 10°C au-dessus de la normale en juin. La température moyenne sur toutes les terres de la Sibérie arctique combinée était de plus de cinq degrés au-dessus de la normale », ajoute Copernicus. « Un changement climatique est en cours », confirme Gerhard Krinner, climatologue, directeur de recherche au CNRS, à l’Institut des géosciences de l’environnement et membre du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat).

repris par Jason

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