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Côte d’Ivoire: Abongoua, un peuple, une tradition, une culture: la fête des ignames, à découvrir, le 20 décembre 2019.

   Abongoua, une terre, un peuple et enfin, une tradition : la fête des ignames.

Abongoua, un village moderne aux traditions conservées

Il parait qu’il y a deux Abongoua en Côte d’Ivoire? moi, j’en connais qu’un seul, celui des agni du Moronou. Abongoua des Ahua, des gbabilé, Malan Bousoufouê, Akpangnibousoufouê, Wassabo et Kouaboussoufouê, peuple travailleur et respectueux des valeurs ancestrales et qui vénère sa tradition qui enrichit ses us et coutumes.

Situé à plus de 205 km d’Abidjan au sud-est, Abongoua est entouré des villages devenus des villes aujourd’hui par la force de la modernisation, Kotobi, N’zanfouénou, Akoupé, Kangandi et de la rivière protectrice, Agbo dont il tire son emblématique nom : Agbo-N’goua, qui par déformation, est devenu : Abongoua.

Ces Agni-là, braves planteurs, se sont regroupés dans la nuit des temps en cinq grandes familles qui forment, un modèle de développement, de paix. Pendant que dans certaines contrées, ils se battent pour exiger des droits inutiles de régression, les Kouaboussousfouê, Malanboussoufouê, Akpangniboussoufouê, Wassabo, entourent le chef suprême issu des Gbabilé. Les habitants d’Abongoua vivent dans la quiétude et la bonne harmonie. Il n’y a jamais eu de lutte de clan, parce que chacun connait sa place.

Historique du village et de la fête des ignames

Abongoua a été, l’un des premiers villages de la Côte d’Ivoire, à avoir connu très tôt, le développement dont il en a acquis la connaissance et le savoir rapidement. Ancienne boucle du cacao, aujourd’hui, tout reverdit et la force motrice va aussi, submerger pour créer le vrai capital de l’union et de l’émergence. Oui, à Abongoua, on peut sans aucun risque de se tromper, parler d’émergence, qui a failli être stoppé à cause de son trop plein de cadres dans toute l’administration et les grandes sociétés privées du pays. Bref, le but de ce témoignage, c’est la fête des ignames. Parlons-en. C’est un sacerdoce et grand rituel.

Pourquoi une fête dédiée à l’igname ? Chez tous les peuples agni qui connaissent la hiérarchie ancestrale, l’igname est un grand symbole. Autrefois, pendant les guerres tribales d’installation, revenant du Ghana, une grande famine s’empara de toutes les colonies. Comment faire pour nourrir tout ce peuple ? C’est ainsi qu’un chasseur, au cours d’une chasse, fit la connaissance d’une tige épineuse. Il creusa et découvrit des tubercules poilus. De retour au village, il alla le présenter au roi. Celui-ci ordonna sa préparation. Comme c’est le roi, le chasseur le pria d’attendre que le peuple en déguste d’abord, avant d’en manger.

Comme une poule, elle se soucie avant tout de nourrir ses poussins, c’est pareil en pays agni. Le peuple mangea sans aucune crainte. Depuis donc cette date, tout le monde peut manger ce tubercule quand il y en a, sauf le roi, qui ne doit en manger qu’une seule dans l’année.

L’igname, un symbole à Abongoua

C’est le dernier vendredi du mois de décembre que cette découverte nourricière a été faite. En guise de reconnaissance aux divins, grâce à qui, le peuple a survécu. Ces mages ont prophétisé de consacrer, une fête aux IGNAMES, en souvenir de cette découverte. Les agni ont gardé cette tradition qui commémore les esprits et les mânes des ancêtres.

Chez les agni, le roi sert d’intermédiaire entre les morts et les vivants, c’est pourquoi, il est entouré de plein de mystère, tirant son pouvoir, des divins, avec qui, il est tout le temps, en communion. On ne devient pas chef ou roi, chez les agni, parce qu’on a la force ou on est intelligent. On naît chef ou roi. C’est pourquoi, ils ne s’intéressent pas au poste de président de la république, qui est électif, peut-être que ça viendra plus tard.

Ce sacrement obéit à des logiques : le début d’une nouvelle année lunaire, l’union, les sacrifices aux mânes des ancêtres, le pardon et la purification. Pendant cette fête, aucun litige ne doit rester sans être jugé, auquel cas, les commettants trouveront malheur en chemin. La joie de savoir que c’est ce jour-là que le roi va manger son igname, c’est une aubaine de réjouissance au cours de laquelle, les Komian (prêtesses), tam-tams parleurs, et des chorales animées que de femmes, pavoisent les artères principales du village.

Caractéristiques de la fête de l’igname

Quand le roi et sa notabilité convergent vers la rivière Agbo pour offrir le sacrifice aux esprits, les enfants et les Allou, les guerriers, badigeonnés de charbon et de kaolin avec des sabres à la main, les Komians en tête du cortège, le roi et sa suite tous vêtus de blanc, emboitent les pas des Komians, qui sont commis à sa sécurité et sa protection.

Des chants liturgiques accompagnés de flute, de grélots, de cloche, accompagnent la suite royale. A la place publique, sont exposées les chaises royales qui sortent pour la première fois de l’année. Les tam-tams parleurs, parlent pour inviter tous les esprits protecteurs à s’unir aux vivants pour communier ensemble, cette journée mémorable.

Les agni connaissaient Dieu, ce n’est pas par la bible ou le coran.  Ils le vénèrent à travers des symboles comme les chaises royales, par exemple et ils obtenaient ce qu’ils voulaient. C’est l’arrivée des colons qui les a contraints à presque abandonner leurs pratiques pour se rendre les dimanches à l’église pour crier à leur Dieu. Le soir, ils vont tous se prosterner devant leur autel de prières, en immolant coq, poule, selon les besoins.

Aujourd’hui, le modernisme se bat pour arracher ce patrimoine aux agni qui résistent et ils ont raison.

Alors, cette année, le 20 décembre 2019, aura lieu à Abongoua, cette fête. Il y a deux aspects, la partie de la cérémonie réservée aux initiés, qui est l’adoration aux esprits habitants la rivière Agbo et la partie visible, le lieu des rituels. Bon, je ne vais pas tout vous étaler, sinon vous risquez de ne pas vous y rendre.

Nanan Louis EBA et sa notabilité, vous y attendent. Pour ne pas se faire conter, allez-y avec vos appareils photos ou caméra, dans tous les cas, les portables jouent ce double rôle.

Bonne fête à toutes et à tous et que Abongoua garde toujours la tête haute et distingué des autres. C’est celui qui sera absent, qui aura ses yeux pour pleurer et je pleure, parce que je suis très loin de ma tribu, mais proche par mon cœur. Je salue ma mère Ané Ahou qui, ce jour-là, n’aura pas le temps, à cause de ses fonctions de gardienne du temple. Nanan Mô, Nanan Mô !!

                                                                                                   Joël ETTIEN

                                Directeur de publication : businessactuality.com    

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