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Côte d’Ivoire : Garantir la transparence et l’égalité des chances aux concours d’entrée à la fonction publique

Le ministère de la Fonction publique envisage « la mise en place d’un guichet unique pour les inscriptions et le dépôt des dossiers de candidature tant pour les concours administratifs 2022 que pour les concours d’entrée à l’ENA en 2023 et de l’ouverture à la diaspora ivoirienne des concours spécifiques nécessitant des qualifications de pointe ou des diplômes plutôt rares en Côte d’Ivoire et pour lesquels l’administration connaît un déficit ».

Concours d’entrée à la fonction publique

L’ENA (École Nationale d’Administration) est un EPN (Établissement Public National) précisément un EPA (Établissement Public Administratif), doté de la personnalité juridique et de l’autonomie financière, créé par le décret no 91-29 du 6 février 1991. Par conséquent, le ministère ne saurait légalement et légitimement se substituer à l’établissement pour l’organisation des concours relevant de la compétence de celui-ci.

« Concernant les compétences spécifiques de la Diaspora susceptibles de justifier des concours spécifiques », le Statut général de la Fonction publique a créé 6 (six) familles d’emplois prenant en compte toute activité entrant dans le champ d’intervention de l’Etat. Aussi, c’est tellement plus simple que les personnes désireuses d’entrer dans la Fonction publique nationale se mettent à compétir avec leurs compatriotes dans des concours nationaux, avec une égalité des chances, une équité. Autrement, l’article 15 al. 2 de la loi no 92-570 du 11 septembre 1992 portant Statut général de la Fonction publique prévoit des dispositions précises à cet égard :« Les emplois civils de l’Etat et des Etablissements publics visés à l’article premier sont occupés par des fonctionnaires. 

Toutefois, par dérogation au principe visé ci-dessus, des agents non fonctionnaires peuvent être recrutés pour occuper des emplois de la catégorie A lorsque la nature des fonctions et des besoins des services le justifient. Les agents ainsi recrutés sont engagés par contrat pour une durée déterminée qui ne peut excéder deux ans ; ce contrat n’est renouvelable qu’une fois ».Il serait, d’ailleurs, plus rassurant que soit explicité le concept de « concours spécifiques nécessitant des diplômes et des qualifications plutôt rares en Côte d’Ivoire et pour lesquels l’administration connaît un déficit ».

Au passage, le ministère de la Fonction publique a programmé pour 2022 « sur étude de dossiers un concours de recrutement exceptionnel d’intégration des agents contractuels à la Fonction publique », pour 150 postes. Il leur est tout simplement demandé de justifier « d’au moins un an d’ancienneté… ».

Rappelons utilement que par le passé, des pratiques détestables de non-respect des principes juridiques ainsi que des valeurs de déontologie et règles d’éthique ont conduit à des dérives graves qui ont discrédité et terni l’image particulièrement de l’ENA et entrainé pour l’ensemble de l’administration publique une baisse de performance regrettable.

Qu’est ce « une qualification ou un diplôme de pointe plutôt rare ? » Que vaudrait-elle donc encore la formation assurée en Côte d’Ivoire ? Ces fonctionnaires à recruter auront-ils un traitement statutaire et salarial spécifique au sein de la Fonction publique nationale ?

La ministre a marqué, à juste titre et c’est tout à son honneur, une réserve prudentielle : « Pour la session 2022, il est envisagé l’organisation des épreuves à Paris… cela pourrait être élargi à d’autres capitales, à rechercher si l’essai est concluant » Organiser des concours dits spécifiques pour la diaspora ivoirienne porterait manifestement atteinte au principe de l’égal accès des citoyens à l’emploi public, garanti par la Constitution et le Statut général de la Fonction Publique une loi.

Les réformes entreprises en 1992 par le ministre Patrice KOUAME, avec le gouvernement du Premier ministre Alassane OUATTARA, sous l’égide du Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, ont produit des effets structurants appréciables, à ne pas occulter. Toutes les mutations sont possibles. Mais vont-elles toujours dans le sens de l’évolution ? En raison de l’importance du sujet pour la nation, le temps pourrait être un allié précieux pour envisager, après une évaluation des acquis et un débat ouvert, des réformes opportunes, sereines et utiles. Dieu n’est ni dans l’hésitation ni dans la précipitation ! L’administration publique devrait pouvoir bénéficier de notre attention à tous, pour le bien du pays.

L’enjeu, c’est de doter l’Etat de ressources humaines capables de répondre aux besoins de la nation, dans sa diversité et son unité. La diaspora ivoirienne, une chance pour le pays, y a toute sa place dans un cadre juridique et institutionnel transparent et méritocratique.

La diaspora est un atout à organiser et à orienter, par la définition d’une politique nationale raisonnée, vers la recherche de ressources extérieures en vue de la compétitivité internationale. Il ne faudrait donc pas en faire un problème, inutilement, aujourd’hui et demain. Pour sa place et son rôle dans la société, l’administration publique mérite d’être traitée avec noblesse, en vérité et en sagesse. C’est une Fonction publique, portée par la collaboration confiante des agents dans leur ensemble, qui peut garantir la paix sociale et le développement national.

Enfin, il nous plairait de voir publiée la liste « des qualifications de pointe ou des diplômes plutôt rares en Côte d’Ivoire et pour lesquels l’administration connaît un déficit ». On appréciera….

Ayoun N’da

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