Côte d’Ivoire: Si Gbagbo ne veut pas rassembler la gauche, il va faire quoi dans cette élection présidentielle de 2025?

Quand un parti politique perd le pouvoir, il y a toujours des querelles de leadership. La chance que le président Gbagbo a eu, c’est qu’il est vivant et acquitté par la justice internationale, la CPI, malheureusement dès son retour, il n’a pas pu ou su rassembler sa famille politique qui reste orpheline. Il aurait dû rassurer dans son discours, ses partisans, mais non, il a plutôt découragé tout le monde, en se dissociant de rassembler la gauche, celui que tout le monde attendait. Il dit qu’il n’est pas venu pour rassembler la gauche, mais c’est grave et qu’on peut interpréter comme une fuite de responsabilité.

Le président Gbagbo, à la fois candidat de son nouveau parti le PPA-CI, dès son retour de la Haye a dit qu’il n’était pas venu pour rassembler la gauche ivoirienne qui a été émiettée par sa chute. Qui ne sait pas qu’on ne peut pas aller à une élection présidentielle dispersés, chacun se basant sur sa petite chapelle dans le faux espoir d’être élu? On ne peut pas gagner une élection présidentielle en 2025, en allant en rang dispersé, même le RHDP, ne pourra pas se prévaloir puissant pour gagner au premier Ko comme ses militants le font croire, auquel cas, c’est le chaos qu’ils préparent, à plus forte raison, une gauche devenue trop caviar. Où iront-ils? Blé Goudé dit que cette élection ne se fera pas sans lui. Affi N’guessan dit qu’il sera candidat. Madame Simone Ehivet Gbagbo ne veut pas rester en marge et proclame sa tigritude et enfin, Gbagbo lui-même, tout ça pour une seule gauche.

Depuis lors, dans aucun de ses discours, on n’entend jamais Gbagbo lancer un appel à l’union de la gauche, sur quoi il se base pour vouloir gagner cette élection si ce n’est pour faire le lit de l’adversaire le RHDP. En plus, Gbagbo a accepté de participer aux élections locales de 2023, sachant bien les anomalies qui truffent les conditions d’une élection libre, participative, inclusive et les résultats ont été à la faveur du pouvoir, où compte-t-il passer pour gagner dans de telles conditions scabreuses? 

Non, dites lui qu’il rêve et au bout, il va se faire humilier pour sortir de la vie politique ivoirienne humilié, alors qu’il a une grande étoffe politique, le seul en Afrique qui a survécu au martyr. Au départ, on a tous cru qu’il prendrait sa retraite pour écrire ses mémoires et animer des conférences dans le monde entier, surtout que dans la lutte de la rupture, les jeunes leaders courageux, se servent souvent de son discours pour en faire leur idéologie de combat, mais il va sortir de la politique par la petite porte et ça sera vraiment dommage pour un tel grand leader à la tempe des Mandela.

Une gauche ivoirienne illisible et incapable d’être claire dans son discours et la voilà qui veut aller à l’élection présidentielle dans un pays comme la Côte d’Ivoire qui a maille à se débarrasser de la France-Afrique qu’elle a participé à créer par son premier président Félix Houphouët-Boigny, aujourd’hui, devenue trop encombrante pour le développement de l’Afrique francophone. Et cette même France-Afrique qui l’a vaincu et déporté dans une prison coloniale. Comment Gbagbo fera-t-il pour franchir la mise de son nom sur la liste électorale, à moins qu’il produise le schéma Sonko. 

La gauche ivoirienne est mélangée par des querelles sentimentales et de rivalité conjugale, comment il peut s’y prendre pour espérer passer au deuxième tour? Est-ce que le nom Gbagbo peut influencer sur les nouveaux ivoiriens inscrits sur la liste, puisque pendant son absence, beaucoup de ses sympathisants, ne se sont pas enrôlés pour voter? En Côte d’Ivoire, il faut qu’il sache qu’il y a de nouveaux ivoiriens inscrits sur la liste électorale qu’il ne maîtrise pas, alors faire cavalier seul, on se demande bien, comment fera-t-il? La rivalité entre ses deux femmes s’est déteinte sur l’ensemble de la gauche et s’il ne veut pas la rassembler, il cherche quoi encore à vouloir être candidat pour se faire humilier?

Il n’est pas encore trop tard, s’il veut réellement et sincèrement, devenir une dernière fois président de cette république. On ne peut plus gagner d’élection sans alliés et de par son comportement et ses pics, le PDCI-RDA par exemple, hésitera à se rapprocher de lui et en étant seul, pourra se faire avaler par des promesses faites par le RHDP et peut succomber à cette tentation. Gbagbo va encore mélanger la politique ivoirienne pour inviter les gens dans les rues pour se faire massacrer car dans son illusion de vouloir gagner cette future élection, il va lancer des appels à la désobéissance civile et ça sera le chaos, est-ce son dernier virage politique? Même les fourmis ne vont jamais à la conquête de nourriture en rang dispersé, ce n’est pas lui, l’ancien président ivoirien qui commettra cette erreur abominable.

Il faut absolument que la gauche ivoirienne se réconcilie, sinon si elle part à cette élection en rang dispersé, pour accompagner l’adversaire. Il ne faudrait pas susciter des palabres inutiles. Alors si Gbagbo ne veut pas rassembler cette gauche, qui pourra le faire pour s’attirer cette grosse sympathie?

                        Joël ETTIEN

      Directeur de publication : businessactuality.com