soutien du Dr Wansi Mathias et de certains médecins à la Guinée BissauINVESTIGATION 

France: entretien avec le Dr Wansi sur la crise sanitaire que traverse le monde

Né en Mars 1973 à Douala, Dr Wansi, après son enfance et ses études secondaires au Cameroun, a immigré en Russie en 1993 pour y poursuivre ses études de médecine, sanctionnées en juin 2000 par un doctorat en médecine générale.

Parcours du Dr Wansi

Il a débuté ses études de spécialisation en Endocrinologie -Diabétologie et maladies métaboliques à Moscou puis immigré en France. Dès 2001 pour la poursuite de celles-ci jusqu’à l’obtention de l’AFS ( attestation de formation spécialisée) en Diabétologie et Maladie métaboliques en 2003, ( Diplôme de spécialisation destiné aux médecins étrangers ou médecin ayant eu leur formation initiale Hors UE). Puis passé ses différentes équivalences jusqu’à son inscription au conseil de l’ordre des médecins en France

  • 2009 Obtention  de la Capacité de Médecine d’Urgence
  • 2011 Reçu au concours national de Praticien Hospitalier

Il est aussi l’initiateur de l’union des médecins africains pour la Guinée Bissau. Notre invité est le responsable du Covid-19, raison pour laquelle, nous l’avons sollicité.

Entrevue avec le Dr Wansi, fondateur de l’Union des Médecins Africains pour la Guinée-Bissau

BATV:  Dr Wansi, le monde est bousculé par la pandémie du virus corona. Doit-on vraiment en avoir peur à ce point?

Dr Wansi:  La pandémie de covid-19 est très sérieuse partout dans le monde et en France où j’exerce, il occupe et retient l’attention comme l’a si bien dit le président Macron «  Nous sommes en guerre ». C’est vrai que dans l’absolu il y a beaucoup de morts dans tout le monde entier pas seulement en France mais dans toute l’Europe ( Espagne, Italie) et bientôt en Afrique.

BATV: On remarque qu’il y a trop de noirs qui meurent. En Ile de France, on a l’impression que le traitement infligé aux noirs n’est pas pareil aux blancs. Les noirs africains bondent les placards des morgues et pareil aussi au USA. Comment vous l’expliquez? 

Dr Wansi:  Aux USA, c’est vrai qu’il y a des morts dont la majorité sont des noirs. Mais il n’y a pas que les noirs ou les sujets d’origine africaine qui meurent en ile de France. Parmi ces morts, souvent il faut tenir compte de leur antécédent médical. Il y a certains qui ont d’autres pathologies qui favorisent la contagion et quand c’est le cas, la mort est inévitable.

Aux USA il y a beaucoup de noirs qui meurent, mais c’est pour d’autres raisons que ceux de la négligence médicale. Les noirs y sont les plus exposés. Ils vivent dans une situation sociale très précaire, avec des pathologies, telles que : le Diabète, L’hypertension artérielle, l’obésité etc…. ce qui les rende encore plus vulnérables et font d’elles des proies faciles du COVID19.

 BATV: Vous même personnellement, comment vous vivez cette période?

Dr Wansi: Personnellement je vis cette période de pandémie très péniblement, car à ce jour nous restons très impuissants face à cette maladie, que nous n’avons toujours pas entièrement décryptée. Nous avançons à petits pas et chaque jours, nous découvrons de nouveaux symptômes de la maladie qui rallonge notre inquiétude. Comment voulez-vous que je sois insensible à la mort de plein de personnes, parmi lesquels j’ai des patients. Ça ne rigole pas, c’est pourquoi,, il faut suivre à la lettre les consignes barrières préconisées par l’OMS.

 BATV: On parle de la chloroquine comme étant un anti-coronavirus. Votre avis.

Dr Wansi: Le traitement à Base d’hydroxychoroquine ou de chloroquine associé à l’Azythromycine  comme préconisé par l’éminent professeur Raoult de Marseille semble  prometteur, mais ce n’est pas encore la panacée. On observe encore une mortalité autour de 0,5% et ce sur un petit échantillon  de personnes ( environ 4000 cas testés.)

Pour ce qui me concerne ce protocole reste pour l’instant la meilleure alternative pour la prise en charge du Covid-19, malgré sa toxicité cardiaque chez certains patients surtout lorsqu’il est pris à de fortes doses ,de plus il est peu couteux et accessible aux populations africaines qui en ont déjà eu à faire usage par le passé dans le traitement à la fois préventif et curatif du paludisme.

 BATV: Pourra-t-on espérer à le vaincre ce virus dans l’immédiat?

Dr Wansi: La bataille de cette Pandémie se gagnera d’abord avec le respect des mesures Barrières et de distanciation sociale, faute de quoi le bilan risque d’être très lourd, même si pour l’instant l’Afrique semble quelque peu épargnée. Est-ce le fait  des traitements antipaludéens à Base de quinine ? Nous devons toutefois rester très mobilisés en Afrique. A défaut de pouvoir confiner toutes les personnes comme en Europe, faute de moyens financiers, la plus part des ménages se débrouillant dans le secteur informel pour vivre au quotidien.

BATV: La chaleur serait elle une crainte pour le virus Corona?

Dr Wansi: Faux et Archi-faux. Dans les conditions décrites en Afrique, la chaleur ne peut détruire le virus. Pour tuer ce virus il faudrait le soumettre à des températures de 67 à 70 degrés minimum. Or en Afrique au plus fort de la chaleur y compris dans le désert les températures maximales atteintes sont de l’ordre de 45 à 50 degrés. Un être humain normalement constitué ne peut inhaler ni avaler des températures supérieures à 60°C sans risque de se brûler les muqueuses ( le refroidissement se faisant au niveau des narines et dans la bouche).

BATV: Quels sont les conseils que vous donneriez aux africains?

Dr Wansi: Mon conseil pour les africains : Il faudrait au moins respecter les mesures barrières édictées et dans la mesure du possible ne laisser que les populations actives et en bonne santé sortir pour travailler ou aller à l’école et confiner le reste de la population ( – de 10 %) : soit les personnes de 60 ans et +, ainsi que des personnes jeunes vulnérables ( Diabétiques, Obèses, insuffisants rénaux, cancéreux, immunodéprimés…), car la bonne nouvelle est que le Covid-19, chez les sujets jeunes et en bonne santé guérit à 90% seul, sans aucun traitement.

Donc protégeons nos «vieux » ainsi que les personnes fragiles en les confinant, respectons la distanciation sociale : ne pas se serrer les mains, ne pas manger dans la même assiette, ne pas s’embrasser, respecter une distance d’au moins un mètre de son interlocuteur, éviter les rassemblement de plus de 10 personnes dans les espaces étroits ou de plus de 50 personne à l’extérieur, éviter les cérémonies de mariages, d’anniversaire, de Baptême, de deuils ou autres festivités réunissant de nombreuses personnes, éviter les surcharges dans les transports en commun.

Dans tous les cas, le port systématique du masque ou cache nez à l’extérieur de sa maison doit-être rendu obligatoire. Il faut aussi respecter les mesures barrières : se laver les mains avec l’eau coulante et du savon, à défaut utiliser des solutions hydroalcooliques, Tousser ou éternuer dans un mouchoir à papier que l’on jette par la suite, à défaut tousser dans son coude,…

Enfin  soyons solidaires les uns envers les autres ,portons assistance aux personnes les plus fragiles  ou vulnérables qui ne peuvent elles même pas sortir pour faire leurs courses  ou aller chercher de l’eau dans un point d’eau.Je voudrais vous rassurer qu’au médecin français ne tue les africains, pour leur prendre leurs organes. Ceux qui meurent en ces temps, du fait du virus, le sont vraiment. Il ne faudrait pas qu’on s’éloigne de la réalité, le virus est mortel.

Objectifs du Dr Wansi, fondateur de l’Union des Médecins Africains pour la Guinée-Bissau

BATV: Vous êtes aussi, l’initiateur de l’union des médecins africains exerçants en Île de France pour la Guinée-Bissau. Vous pouvez nous en parler.

Dr Wansi: Ecoutez, je suis africain et tout ce qui se passe chez moi, m’interpelle. J’ai suivi de très près, les élections présidentielles qui se sont déroulées en Guinée Bissau et j’avoue que je n’ai pas compris ce tohu-bohu qui a emballé ces élections. Un candidat a gagné, il faut le confirmer et on en parle plus, mais non. J’ai trouvé cela lamentable et triste et Dieu merci, la vérité a fini par triompher à la faveur du vainqueur qui est le Général Embalo.

Comme les enjeux sont énormes dans ce pays, nous avons mis cette union sur place, attendant que tout rentre dans l’ordre pour aller au secours de ce pays qui a un manque criard dans le domaine de la santé. C’est juste une manifestation normale d’un fils africain qui décide de retourner chez lui, pour faire bénéficier son expertise à ses parents. La Guinée-Bissau est une préoccupation majeure et après le passage de la pandémie, beaucoup de choses sur le plan de la santé seront expertisées et nous sommes impatients.                                          

Entretien réalisé par: Joël ETTIEN

Directeur de publication: businessactuality.com

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