Bénin/Football: Akim LATIF, sur les traces de son mentor Alphonse HONDJO

Bonjour chers lecteurs et téléspectateurs, l’équipe de B&A tv Sport dans le souci de promouvoir le football africain ; reçoit  pour vous l’Académie AS SODAS. Le coach principal Akim LATIF et son équipe dirigeante nous ont ouvert les coulisses de l’AS SODAS et à cœur ouvert ont fait part des objectifs et attentes à nos micros. Allons à la découverte de l’Académie AS SODAS.

B&A tv Sport : Bonjour coach.

Akim LATIF :   Bonjour, je suis Akim LATIF, coach principal de l’AS SODAS.

 B&A tv Sport :Pouvez-vous nous faire une petite biographie de vous !

A.L : Je suis Akim LATIF, Béninois de nationalité. J’ai grandi à Porto-Novo et j’ai commencé à jouer au football dans les quartiers à 16 ans. Aperçu par les responsables d’un club de l’élite, j’ai été approché et par la suite j’ai intégré l’un des clubs phare « l’Etoile ». Ainsi je découvre un autre monde et une toute autre réalité avec beaucoup de règles, vu que j’étais aussi bon; j’ai intégré le groupe professionnel. J’avais la difficulté de m’entraîner  avec les grands car j’étais la risée de tous. Suite à la pression à laquelle je faisais face, le coach  m’a mis à l’écart donc je jouais pas. Et dans la foulée un ancien me disait qu’il me faudrait beaucoup travailler sinon je serai toujours pas convaincant. Fort heureusement pour moi, un ancien international débarque et me donnait plus de confiance ; son nom Alphonse HONDJO.

Son arrivée fait bon ménage du moment où il faisait comprendre à tous que j’avais des qualités. Un jour, il me dit: « Akim ! Le samedi tu joueras …..» J’avais peur mais ce fut une aubaine pour moi. Le jour –j, j’étais aligné et pour la première fois je jouais devant un grand public. Mon papa comme je l’appelle affectueusement ne cessait de dire, je cite «lui, c’est un meneur de jeu». J’avais assuré à l’entrainement d’avant match et mis tout le monde d’accord, c’était une belle opportunité car les gens de FBF étaient présents. En une heure seulement, je les ai tous mis d’accord. A la fin, ces messieurs de FBF venus du nord qui ne me connaissent ni d’Adam ni d’Eve ont déclaré que c’est le seul jeune et le plus bon de votre équipe. Ils m’avaient donné un billet de 5000 pour mon déplacement sur Cotonou dans le cadre de la sélection pour les U-20 comptant pour la CAN 2005 qui se tenait au Bénin.

B&A tv Sport : Avez-vous fait une carrière professionnelle par la suite ?

A.L : J’ai eu une opportunité par l’entremise d’un ami du coach pour un test à Saint Etienne, j’ai été à la FBF pour avoir une lettre de sortie, c’est alors que je rencontre pour la première fois M. ANJORIN  qui ne voulait pas me délivrer cette autorisation. Comme si le coach A. HONDJO l’avait pressenti, il est arrivé sur les lieux et son arrivée a poussé le Président ANJORIN à me signer la lettre de sortie. Quelques jours plus tard, destination le club Stéphanois (Saint Etienne) ou j’ai  d’abord été envoyé dans un club partenaire  pour mon test. Après deux semaines seulement, le Président était convaincu de mes qualités et voulait me faire signer un contrat professionnel de deux ans.Hélas, sur mon visa je n’avais que 45 jours sur le sol Français. C’est ainsi qu’il m’avait été demandé de retourner au pays pour avoir les papiers avec un long séjour. Au retour les choses ont tournées au vinaigre, le président ANJORIN M. a décidé de pourrir mon beau projet tout en me tournant juste pour la lettre de sortie.

Au moment où l’ambassade me mettait la pression car il attendait juste ma lettre de sortie pour me délivrer mon visa, le président de la FBF avait son vol planifié pour l’Afrique du Sud et moi mon avenir était gâché ; c’était en 2010. Peu de temps avoir erré dans Cotonou, je fais la rencontre d’un Congolais lors d’un match de quartier ; celui-ci m’approcha et me proposait un club de la RDC (AS Vita Club) avec un contrat professionnel puis une prime de signature intéressante. Aussi un salaire d’au moins 300.000 de nos francs, j’avais peur donc je n’ai pas accepté l’offre vu ce qui m’était arrivé plutôt ; j’étais affecté. Comme si ce monsieur était mon ange, quelques semaines après il revenait avec une offre en Arabie Saoudite de AL Nasr club de l’élite. Une aventure que j’ai prise avec empressement.

Une chance pour moi de jouer et me faire plaisir, la sensation j’en ai eu sur le terrain comme sur le banc. J’ai eu un souvenir inoubliable, celui de jouer un match avec en face un très bon joueur «Ricardo QUARESMA » ; il jouait pour Al Ahly. Ce joueur me disait, jeune ta place n’est pas ici ; tu mérites un championnat bien huppé et m’a beaucoup encouragé. A la fin de la saison, j’avais un bail en Iran et j’y avais joué pendant 1an et demi avant la blessure qui m’avait ramené au pays après plusieurs tentatives infructueuses de traitement. Ce n’est qu’arrivé au Bénin que j’ai eu de soulagement. Je me dis pourquoi ne pas rester, c’est là j’étais quand le présent m’a fait part de ce projet, ce que j’ai accepté car c’est une passion de transmettre ce que tu sais faire.

B&A tv Sport : Passionnant parcours, vous auriez pu devenir un Didier DROGBA, Stéphane SESSEGNON ou Jay Jay OKOCHA mais pas de bol! Alors dites-nous comment est-ce qu’est née l’académie ?

A.L : L’idée de la création d’une académie a germé depuis 2013 mais elle a été matérialisée il y a deux années. Le président et moi-même sommes des passionnés du ballon rond. Avec mes expériences acquises lors de ma carrière un petit peu avortée à cause de certaines raisons, j’ai voulu apporter mon savoir à cette jeune génération qui comme moi, veulent prouver qu’ils existent des talents encore plus que des Samuel Eto’o, Didier Drogba, Okocha… sur le continent.

B&A tv Sport : Comme nous le constatons vous êtes à la tête de l’encadrement de l’Académie, pouvez-vous nous la présenter ?

A.L : L’académie a vu le jour il y a deux années et depuis lors je suis le coach principal. On fait avec les moyens de bord, si nous avons des besoins; nous sommes aidés par le président malgré ces moyens limités.

B&A tv Sport : Comment  est configurée l’Académie ?

A.L : Concernant l’Académie, nous avons un beau monde :

Le Président Fondateur : Sunday SOTON

Le Secrétaire Général : Toussaint MOUSSA

L’Organisateur : Mr Chakirou

Trésorier : Mr Laurent

Charger des affaires extérieures : Mr Vincent SAÏ

Coach Principal : Mr Akim LATIF

B&A tv Sport : Quels sont vos objectifs ?

A.L : L’objectif de l’AS SODAS est de former, rendre compétents, élever le niveau, donner le nécessaire aux joueurs afin qu’ils éclosent et qu’ils bon pour être placés aux clubs de l’élite pourquoi pas à l’extérieur.

B&A tv Sport : Dans vos propos, vous avez souligniez le fait de  former et promouvoir pour l’extérieur. Ne seront-ils pas utiles au plan local tous ces jeunes?

A.L : Oui, vous savez qu’ici au pays le football n’est pas ce qu’il devrait être! Je veux parler du professionnalisme vrai, cependant au vu de notre réalité et de ce qui se fait, c’est encore de l’amateurisme. Si tu vois des jeunes qui montent et qui évoluent bien, le mieux est de contacter des agents pour donner la chance de capitaliser de l’expérience dans un environnement professionnel. De plus l’Académie gagne aussi car il faut des retours sur investissement (rire). S’il y avait un championnat régulier, ils joueront et on verra après.

B&A tv Sport : Comment faites-vous le recrutement des pensionnaires de l’Académie ?

A.L : Le recrutement des pensionnaires de l’Académie ne se fonde pas sur les communiqués et publicités dans les médias. Nous informons des jeunes qui à leur tour en parlent autour d’eux, ainsi se met en place un système de réseautage. Quand les jeunes trouvent quelque chose de bon qui s’y faire, ils ont la fierté de partager.

B &A tv Sport : Alors ces jeunes, comment vous les prenez en charge ? 

A.L : Oui ! Avec nos moyens limités, nous apportons le peu que nous pouvons que ce soit pour le logement, l’aide pour la scolarité et même pour des soins médicaux en cas de blessure à l’entrainement.

B&A tv Sport : Comment est l’ambiance avec les jeunes ?

A.L : Très bon enfant. Les jeunes et moi c’est une parfaite harmonie. Je dis souvent une chose, pour être un bon encadreur il faut un bon éducateur. Je ne vous le cache pas et ce n’est non plus pour me jeter des fleurs, mon absence est automatiquement constatée. Et quand je suis là, même le moins bon se donne et éprouve l’envie de  tendre vers la perfection techniquement parce que je les mets en confiance et surtout je leur fais cultiver que personne n’est moins bon. Aussi quand un joueur manque un but par exemple, passez lui le message qu’il peut toujours bien fait.

Séance d’entrainement

B&A tv Sport : Depuis votre existence, avez-vous pris part à un tournoi national ?

A.L : Nous avons pris part l’an dernier au championnat des centres ici à Porto-Novo sur la pelouse du stade Charles DE Gaulle, nous avons été champions. Cette année-ci, nous avons  pris part à un autre ou nous avons été ¼ finalistes à Dangbo puis à Bada vice-champions.

B&A tv Sport : Il a été constaté que vous n’êtes pas présent au tournoi international qui se tient à Cotonou depuis peu. Pourquoi ?

A.L : Nous n’avons pas reçu d’invitation. Aussi il faut voir le fait que l’organisateur n’invite que les centres proches de lui. Tous les autres ne sont pas approchés. C’est juste du copinage, ceci dit ; il cherche à promouvoir seulement les Centres des amis.

B&A tv Sport : Coach, est-ce que l’académie est affiliée à la FBF ?

A.L : Ah oui ! Ce qui me motive davantage. Nous sommes enregistrés et affiliés à la FBF, ce qui nous permet de prendre part au championnat de 3ème division. Parlant du championnat, nous avons des réunions avec l’instance footballistique nationale qui a promis nous tenir informé au moment opportun.

 B&A tv Sport : Vu que vous êtes considérés comme un club de la D3, serait-ce possible de prendre part au tournoi des centres de formation ?

A.L : Bien sûr, puisque l’Académie ne dispose pas uniquement de la catégorie senior en son sein. Nous formons et disposons de toutes les catégories à l’AS SODAS.

B&A tv Sport : Comment se font les négociations entre vous et les clubs d’ici ceux de l’extérieur ?

A.L : Généralement, ce sont les clubs qui viennent à nous. Il arrive parfois de faire du « troc » si je peux m’exprimer ainsi. Certains clubs qui ne disposent pas de gros moyens viennent se procurer des jeunes talents en échange de matériels techniques et contre un salaire mensuel pour le joueur. Mais cette négociation est faite avec l’accord de l’intéressé.

B&A tv Sport : Avez-vous régulièrement de telles négociations avec certains clubs déjà ?

A.L : Bon ! Pas tout à fait, nous avons placés deux à trois jeunes. Notre gardien de but est l’actuel titulaire à AS Vallée de l’Ouémé club de première division de même qu’à la JS de Pobè.

B&A tv Sport : Ces clubs avec lesquels vous traitez arrivent-ils à honorer le contrat?

A.L : Non malheureusement! Cependant nous ne pouvons pas priver nos jeunes de ce plaisir à cause des moyens financiers. Ce serait tué le talent qui dort en eux de plus c’est une occasion pour eux de capitaliser de l’expérience et de monnayer leur savoir-faire.

B&A tv Sport : Que comptez-vous faire pour y remédier ?

A.L : Nous avons analysés et avons décidé que les prochaines fois, les choses se feront autrement car le club serait le gros perdant. Il y aura une convention qui définira la clause avec le montant du contrat, sinon nous perdrons en investissement et tout.

B&A tv Sport : Est-ce que vous seriez tenté si la FBF vous demandait de prendre l’équipe nationale cadette ou junior ?

A.L : Je déclinerai l’offre, pourquoi ?  Avant de prendre une équipe nationale, il faut avoir ses diplômes. Tu n’auras pas la main mise sur ton groupe et surtout les dirigeants te dicteront ce que tu dois faire. Moi je dis toujours qu’il me faut faire mes diplômes à l’extérieur.

B&A tv Sport : Diplômes à l’extérieur! êtes-vous en train de prôner le recrutement des occidentaux à la tête de nos sélections Africaines?

A.L : Non, absolument pas! Il existe des compatriotes qui ont reçu les mêmes formations que ces sélectionneurs et qui sont plus expérimentés. Les étrangers ne viendront toujours pas gérer chez nous, ils ont aussi des équipes dans leurs pays. On ne valorise pas ce que nous avons pourtant des talents existent, prenez l’exemple de la RDC avec IBEMGE, le Sénégal avec Aliou CISSE.

B&A tv Sport : Abordons le championnat, quel rang occupez-vous  ?

A.L : Ah non ! La troisième division n’a pas encore démarré. Pour le moment, la FBF est entrain de s’activer pour le démarrage de ce championnat et nous avons eu des rencontres au cours desquelles la promesse de nous tenir informés a été faite.

B&A tv Sport : Les Fédérations reçoivent des ballons chaque année de la FIFA et de la CAF pour ensuite les redistribuer aux différents clubs, en recevez-vous ?

A.L : Oui, c’est effectivement le cas. Avec le système ANJORIN, les ballons se donnaient aux proches et amis mais nous espérons qu’avec l’avènement du Président Mathurin De CHACUS, nous en aurons.

B&A tv Sport : Coach, je pense que nous avons eu droit aux seniors de votre académie, qu’en est-il des plus jeunes ?

A.L : Bien sûr, nos cadets et juniors sont des élèves donc tous sont à l’école. Nous travaillons avec eux les samedis, nous tenons compte de leur emploi du temps.

B&A tv Sport : Comment ça se passe avec les parents ? Acceptent-ils que les enfants concilient école et football ?

A.L : Nous sommes constamment en contact avec les parents. Un engagement a été élaboré et signé par les parents et nous. Il y a même des parents qui nous ont promis des apports matériels.

B&A tv Sport : Nous vous avons trouvé sur le sol du club dénommé ASOS FC, est-ce dire que vous collaborez?

A.L : Nous sommes en de bons termes, aussi nous partageons un même air de jeu. Un terrain qui appartient à la communauté de Gbodjè dont le Chef Quartier nous laisse le libre choix de nous entraîner à volonté.

B&A tv Sport : Votre mot de fin coach

A.L : Toute l’équipe dirigeante et moi vous remercie pour cette occasion qui vous nous offrez. Je demanderais aux médias de toujours nous accompagner. Nous vous remercions pour l’honneur fait à notre académie.

Le Président Sunday SOTON à droite et à gauche, le coach Akim LATIF
Le staff AS SODAS

     Réalisé par Bassitou N’TIA

Journaliste Sportif www.businessactuality.com

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