La CAN des deux Côte d’Ivoire
La 34ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations, abrégée CAN, a ouvert le rideau de la compétition par le 1er match qui a opposé le pays hôte la Côte d’Ivoire à la Guinée Bissau, le samedi 13 janvier 2024 au stade Alassane Ouattara d’Embipé, du nom du village propriétaire terrien en banlieue Abidjanaise.
À quelques heures seulement avant ce grand rendez-vous, l’observateur à l’impression que la coupe a deux couleurs. Une CAN pour le gouvernement et les officiels et une CAN du pays réel qui se considère méprisé par le pouvoir et donc se résout à se chercher plutôt d’organiser une fête pour « leur coupe « .
Quant à la belle dame aux grandes oreilles, elle est certainement bien triste de ne pas enregistrer de ferveur dans un pays de réputation en matière de fête. Comment en sommes-nous arrivés là ?
On le sait, l’enjeu pour le pays Organisateur d’une CAN est de démontrer un savoir-faire en la matière, offrir une chance à son équipe nationale de remporter la coupe, même si ce n’est pas une évidence, mais surtout égayer sa jeunesse et tirer au bout de tout cela un bénéfice pour son industrie touristique sans oublier les petites affaires dont les petits commerçants et les tenanciers de maquis et restaurants à ciel ouvert. Mais le plus important aujourd’hui c’est que le pays aspire aussi démontrer sa capacité à accueillir des compétitions de cacher mondial tels les jeux olympiques et la Coupe du monde et autres. La Côte d’Ivoire qui a été récallée pour la dernière édition a le devoir de réussir une organisation sans faute, au risque de se compromettre pour les choix futurs en terme d’organisation sportive.
Aussi, arcboutée sur les constructions des infrastructures sportives, les autorités n’ont pas daigné prendre en compte la partie festive de l’événement. Selon les acteurs du secteur hôtelier et autres structures d’accueil, l’état n’a pas accordé de soutien particulier pour les appuyer. Quant au milieu des affaires non seulement il n’a pas fait l’objet de faveur, mais les casses des boutiques, magasins, maquis et autres étalages aux abords des artères des villes qui reçoivent la compétition auraient souhaité que leur cité n’en soit pas désignée. Pire des quartiers entiers et des cités commerciaux ont été rasés à Abidjan sans même épargner le célèbre marché Konan du plateau au grand dam des travailleurs et autres qui s’y restaurent et y font certaines petites affaires.
À la réponse des autorités qui soutiennent offrir une ville propre et sécurisée aux équipes visiteuses, la population rétorque par un regard hagard et un désintérêt à l’événement. << ils cassent nos magasins, ils ont choisi leurs amis pour donner l’exclusivité des ventes de nourriture et de gadgets autour des stades sans compter le prix élevé du maillot de supporters, tchè, ils n’ont qu’à partir jouer la coupe là sur la lune en même temps>>.
Ils sont nombreux, comme Mamadi Mandjougou, commerçant à Bouaké qui parle ainsi.
En tout état de cause le spectacle d’avant compétition marque un désintéressement général. Et la dernière augmentation de 10% du coût de l’électricité n’a pas été instaurée pour arranger les choses. C’est à croire que les officiels du football ivoiriens sont dépassés par l’événement au point d’en avoir pas su tirer les profits multiformes que génère l’organisation d’une CAN. Et c’est dommage.
Le pays officiel organise sa CAN et les populations regardent ailleurs.
Doumbé Zongo