Marraine de Clignancourt, productrice d’artistes : « Mon histoire secrète avec Roger Fulgence Kassy »
- Pourquoi nous organisons un festival pour Ful
La vie de Roger Fulgence Kassy (RFK) restera à jamais gravée dans la mémoire des Ivoiriens et même de certains expatriés.
Sollicitée par la famille de RFK décédé le 20 janvier 1989, Yvonne Rabet Stanislas plus connue sous le pseudonyme de la Marraine de Clignancourt veut jouer sa partition pour la pérennisation des actions de l’illustre défunt, véritable as du micro et icône des jeunes de sa génération.
Pourquoi avez-vous accepté la sollicitation de la famille de RFK quant à leur volonté d’honorer leur frère ?
C’est avec les larmes aux yeux que j’ai accepté. Fulgence fut mon ami. A l’époque j’avais voulu chanter. C’était dans les années 1981. C’est Ful qui m’avait conseillé cela. Vu que j’étais timide, Ful se moquait de moi. Il se posait la question de savoir si je pouvais chanter en public. C’est un animateur qui est parti très tôt. L’approche de son oncle m’a réjouie parce que je songeais à faire quelque chose pour mon défunt ami. Je me demande si ce n’est pas Ful qui a envoyé son oncle vers moi. J’en suis ravie, même si je n’ai pas les moyens de le faire seule. Je tiens à honorer mon engagement pour ne pas que Ful meurt deux fois.
Vous aurez dû penser à autres activités. Mais là, vous proposez de faire un grand festival. Pourquoi le choix de cette plateforme ?
C’est vrai que son oncle tenait à faire publier un livre et réhabiliter sa tombe. Etant interpellée, ma structure et moi avions jugé bon de lancer un festival qui va se tenir chaque année du 19 au 20 janvier à Toumodi et à Kokumbo, son village natal. Mon staff a trouvé qu’il fallait faire revivre les émissions de Ful et sa philosophie. Ful partageait des valeurs de rigueur, de travail et de générosité. Le festival est un espace de réjouissance et de recueillement autour des œuvres de Ful. Nous voulons que Ful sache qu’au fond de sa tombe, ses actes sur terre n’ont été posés gratuitement. Ful était trop généreux, il s’oubliait pour les autres. C’est un festival qui va mobiliser toute la jeunesse actuelle. Ce qui lui permettra de connaître cet as du micro qui nous a quittés trop tôt. Car, comme il le disait, il vivra, vivra… Quand j’ai parlé de ce projet a Serge kassy, il m’a dit c’est génial. Pareil pour Meiway qui a bénéficié des retombées de l’émission Podium que Ful animait en son temps. Nous refusons ,je le dis que Ful meurt pour la seconde fois.
Vu que ce festival suscite déjà un engouement, peut-on dire que vous le lancer pour votre propre besoin ?
Ceux qui me connaissent savent que je n’attends pas ce festival pour gérer mon quotidien en France. C’est moi la mère de tous les artistes en France. Je me suis toujours battue, par la grâce de Dieu, pour aider ceux que je peux aider. Je suis une productrice d’artistes. Et j’ai toujours apporté mon aide aux artistes. Je n’attends rien des retombées de ce festival. La sœur aînée de RFK, Opportune Béhibro, a créé une fondation pour son frère. Nous lui apporteront notre contribution pour mener à bien les activités de sa structure. Les fonds recueillis peuvent servir à aider les artistes. C’était l’une des philosophies de Fulgence. Nous voulons poursuivre l’œuvre de Ful. Je veux aussi ressembler à mon ami. Je suis en train de préparer les 25 ans de carrière de Savan Alla qui seront célébrés en octobre 2017. Dieu seul sait si je n’apporte pas quelque chose à la musique ivoirienne. Je n’ai pas les moyens mais Dieu pourvoira.
Sachant que vous n’avez pas les moyens financiers, peut-on savoir votre méthode pour boucler votre budget pour la réussite de la 1ère édition ?
Son oncle Marcellin Kouamé qui vit en France se donne corps et âme pour la réussite du festival. Nous sommes une Ong qui trouvera des solutions quant au problème du budget. Le commissariat général piloté par Aimé N., un jeune dynamique est à pied d’œuvre depuis quelques jours.
Etant en France, que comptez-vous faire pour battre le rappel des troupes au niveau des artistes tels que Meiway, Alpha Blondy, Serge Kassi, Monique Séka, pour ne citer que ceux-là ?
Il n’y a pas très longtemps je parlais avec mon époux, le crooner Justin Stanislas. C’est vrai que j’ai de bons rapports avec tous les jeunes artistes du zouglou et du coupé décalé, la génération après Ful. Je vais beaucoup approcher les artistes de son époque. Ful était avec mon mari Justin Stanislas. Il l’appelait Atoubidji. Ce qui veut dire les Crooners. Justin faisait partie d’un groupe d’artistes sapeurs dans lequel se trouvaient le président JR, Bel Bakista, Béni Bezy et bien d’autres artistes. Je ferai l’effort d’approcher tous les anciens. C’est vrai que souvent il y a des ingrats, mais ceux qui savent que Ful a fait beaucoup pour eux viendront avec conviction pour la réussite de cette fête. Et essuyer les larmes de la sœur aînée de Fulgence, Mme Béhibro. Elle pourra utiliser les fonds pour la bonne organisation des projets de la Fondation RFK. Nous attendons la mobilisation de tous les jeunes et de tous ceux qui ont vécu les temps forts des émissions de RFK. Toumodi et Kokumbo seront désormais la plaque tournante du show-biz ivoirien. Puisque c’est là que repose l’âme du faiseur des stars et d’animateurs de sa génération.
Entretien réalisé par
Aimé Dinguy’s N