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Afghanistan: les talibans veulent aller à la paix dès la libération des prisonniers

Les talibans ont affirmé ce lundi 10 août qu’ils étaient prêts à engager des pourparlers de paix avec le gouvernement afghan « dans la semaine qui suivra » la libération des 400 prisonniers talibans. Cette libération a reçu l’aval de la Loya Jirga, assemblée représentative afghane qui réunit plusieurs milliers de dignitaires, responsables étatiques et chefs tribaux.

Vers une négociation pour la paix en Afghanistan ?

« Notre position est claire, si les prisonniers sont libérés, alors nous serons prêts aux discussions interafghanes dans la semaine qui suivra », a déclaré à l’AFP le porte-parole des talibans Suhaïl Shaheen, en précisant que le premier round de discussions aurait lieu à Doha.

Suhail Shaheen ajoute que la délégation serait emmenée par Abbas Stanekzai, négociateur en chef des talibans dans les discussions avec Washington qui avaient précédé l’accord signé en février. Les libérations de prisonniers étaient un point-clé de cet accord historique en vue d’un retrait des troupes américaines d’ici mi-2021 en échange d’un engagement des talibans à démarrer des négociations interafghanes.

Près de 5 000 prisonniers talibans déjà relâchés par Kaboul

L’avenir des prisonniers représente un enjeu crucial dans l’ouverture de négociations, les deux camps s’étant engagés dans un échange de prisonniers qui doit précéder ces discussions. Kaboul a déjà relâché près de 5 000 prisonniers talibans, mais les autorités afghanes avaient jusqu’ici refusé de libérer les 400 derniers captifs réclamés par les insurgés.

Certains sont en effet impliqués dans des attaques meurtrières tuant Afghans et étrangers, y compris plusieurs Français. Leur libération ne fait pas l’unanimité dans le pays, et l’inquiétude demeure quant à l’avenir. Mais le fait que des négociations directes puissent commencer est une très bonne nouvelle, selon Romain Malejacq, professeur à l’université de Radboud aux Pays-Bas.

« Les talibans ont toujours eu la main dans ce conflit »

« On ne peut pas s’engager sur le résultat de ce processus, mais le fait que les talibans acceptent de discuter d’égal à égal avec un gouvernement avec lequel ils ont toujours refusé de négocier, ça, c’est historique et c’est très important. »

Pour Romain Malejacq, les talibans sortent renforcés de cette première étape. « Mais en même temps, souligne le professeur, cela ne fait que prendre en compte le rapport de force actuel : ce sont eux qui ont toujours eu la main dans ce conflit. »

« Désormais, poursuit Roman Malejacq, la grande peur, c’est qu’on donne trop aux talibans dans le processus de négociation. Cela reste encore à démontrer. Il n’est pas absolument sûr que ce processus aille au bout et il n’est pas sûr que les talibans obtiennent tout ce qu’ils veulent dans le processus. Ce qui est important, c’est que le processus démarre, en réalité. Donc ça reste un processus qui va être compliqué, qui va probablement échouer plusieurs fois, mais en tout cas c’est un processus qui, maintenant, est en train de démarrer. »

repris par Jason

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