Joss Kézo de retourCULTURE 

Côte d’Ivoire: Joss Kézo, l’icône musicale signe son retour avec un album intitulé « Peace and Lova ».

Commune du Plateau, tour A de la cité administrative, un 17 août 2021, nous rencontrons dans la salle d’attente d’un grand ministère de la république de Côte d’Ivoire, un grand artiste ivoirien dont on croyait noyer dans le cirque infernal des crises : Joss Kézo.

Joss Kézo de retour

D’abord, la surprise était de taille puisque c’est dans sa région qu’il y a eu d’atrocités. Ainsi donc ne pas/plus le voir, vous comprendrez notre étonnement. Il a pris du volume avec son même sourire qui épatait ses fans. Il est assis ses deux béquilles accrochées aux manches de son fauteuil.

Il est invité par le ministre, mais il accepte d’échanger avec nous. Nous engageons la discussion.

BATV : Bonjour l’artiste, heureux de vous revoir en si bon point.

Joss Kézo : Ecoutez, je vais bien et merci et vous, qui êtes-vous ?

BATV : Nous sommes, un média en ligne et c’est businessactuality.com

Joss Kézo : Enchanté.

BATV : Que devient l’artiste après autant de déluges que sa région a vécues ?

J.K : Je suis de l’ouest certes, mais je réside à Abidjan. Les déluges dont vous parlez m’ont en effet très affecté. Mais bon, on fait avec et ce n’est pas seulement qu’à l’ouest ma région d’origine, c’est toute la Côte d’Ivoire.

BATV : Comment avez-vous senti donc cette crise ?

J.K : Ce n’est pas seulement qu’une seule crise, mais plusieurs qu’on pouvait éviter aux pauvres populations. Je les ai vécues très mal et de manière douloureuse. J’y ai perdu plein de parents proches et lointains, en plus, en ma qualité d’artiste, j’en ai été vraiment touché.

BATV : Est-ce la raison de votre silence ?

J.K : Non ! Un artiste, quand de tels événements se produisent dans son pays, il prend du recul, il observe et agit. C’est ce que je suis en train de faire et le temps de réagir est arrivé.

BATV : C’est-à-dire ?

J.K : Je suis en studio et un nouvel album verra le jour sous peu.

BATV : Mais au-delà de tout, il y a certains de vos frères qui sont encore en exil, comme Gadji Céli, Serge Kassi, Abou Galliet pour ne citer que ceux-là. Qu’est-ce que cela vous fait ?

J.K : Il marque une pause, place bien sa casquette et respire un grand coup. Vous me ramenez à plus de douleurs car ces noms que vous citez, ne devraient pas subir ce qu’ils vivent là. Depuis qu’ils ne sont plus là, vous voyez comment la culture est muette ? C’est tout cela que je déplore et qui m’a inspiré.

BATV : Ah bon ?

J.K : Oui ! C’est d’ailleurs le titre de l’album qui va sortir dans le courant de septembre. Il va s’appeler : « Peace and Lova ». C’est dans quel pays les responsables politiques refusent de se parler, s’ils ne veulent pas entendre le cri de détresse de leur population, il faut les y contraindre et c’est le rôle de l’artiste engagé que nous sommes.

BATV : Quel bilan faites-vous de votre carrière ?

J.K : En 1994, j’ai rendu hommage au président Houphouët Boigny. Mon deuxième album qui est sorti en 1998 était intitulé : je vous aime. Ensuite, en 2000, j’ai fait « le testament » ; en 2002 : Prions ; 2005 : Enfants d’Afrique.

Donc, je ne chôme pas et mon public que je retrouve avec joie sait ce que je pense et ce que je défends. S’il n’y a pas de paix, de dialogue, comment peut-on parler d’amour entre les ivoiriens ? C’est pourquoi, avec les 6 titres qui vont sortir, je fais de la sensibilisation sur la paix et l’amour.

BATV : Vous gardez toujours votre beau sourire ?

J.K : Ça ne sert rien de pleurer. Quand les problèmes sont posés, il faut s’asseoir et trouver des solutions. Au regard de ce bilan, qu’est-ce que la guerre a apporté au pays ? Pourquoi ce qu’ils sont en train de faire aujourd’hui, ils ne l’ont pas fait depuis pour éviter le pire et le chao au pays ?

BATV : Quels conseils donneriez-vous à vos fans à qui nous donnons l’information de votre retour ?

J.K : Il me sera très prétentieux de donner des conseils, mais j’avoue que la guerre n’est pas une bonne chose. Elle est arrivée aux ivoiriens parce que ses responsables politiques ont refusé de se parler, pourtant, ils se réclament pour plupart du président Houphouët Boigny et quant au président Gbagbo, il disait toujours: « asseyons-nous et discutons ». Qu’est-ce qu’ils en ont fait de cet héritage ? C’est la question que je leur pose afin d’éveiller leur conscience et que rien ne sert de courir dans l’abîme si on n’a aucun amour pour son prochain.

Aussi avec les nouvelles sonorités et la technologie qui va avec, je leur donne rendez-vous en septembre, mais au lieu de me pirater, je leur demanderais d’acheter mes CD.

                                                    Entretien réalisé au Plateau par Joël ETTIEN

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