abongoua, aux couleurs festivesCULTURE 

Culture: quand la fête des ignames approche, on pense toujours à son village d’Abongoua.

Fête des ignames à Abongoua

La fête des ignames, un événement très festif…

Mon souvenir de mon époque, quand j’étais encore petit, me fondant dans la masse pour apporter ma joie à la réussite de notre fête des ignames.

Le village ou du moins la ville fraîche d’Abongoua grouille de monde. Ceux des parents paysans qui sont allés loin de leur terre natale, font le pied de grue pour presser les acheteurs du café et du cacao, parce que la famille est au campement. Il faut faire vite. Durant toute l’année, les femmes, nos mamans, pendant que leur mari s’affaire sous les champs de cacaoyer pour crier chasser les écureuils, elles sont à l’affût pour faire abattre, les arbres qui deviendront les fagots.

Avec les tronçonneuses qui dictent le bruit dans les forêts éloignées, l’arbre est coupé en morceaux que les enfants doivent charger sur les têtes, jusqu’au lieu où le camion viendra stationner pour chercher la récolte. C’est une période de chaude ambiance. Depuis plus de 9 mois, souvent c’est le père seul qui se rend au village pour des décès et non toute la famille. L’occasion rêvée, est celle-là, parce que justement, c’est la fête des ignames, notre Bédiolouo.

Les tailleurs ne dorment pas, ces paresseux qui n’attendent qu’à la veille pour coudre des habits la nuit qui se défont en les portant. J’en ai été victime. C’était les bons vieux temps.

Abongoua et le bon vieux temps…

Boni Kiriwa alias Cantadors de la Capitale, est arrivé avec son orchestre. Les instruments sont dans la cour du vieux Kouamé. Tout petit, on allait les voir avant d’aller pleurer pour ceux qui avaient leurs parents, pour leur tenue. Pour moi, ma maman Ané Ahou, devrait se débrouiller pour m’acheter ma chaussure Bata.

Nos mamans ne connaissaient pas les mèches brésiliennes ou indiennes. Entre elles, souvent les après-midis, sous l’ombre des arbres du village, elles se tressaient avec le fil noir et c’était la belle époque. Elles aimaient la nature et la nature le leur rendait.

Les cadres arrivaient par convoi ou en car, chargés de cadeaux ou de provisions pour la fête, (poissons, viandes). Certains venaient avec des étrangers qui découvriraient pour la première fois, ce moment festif.

Les bœufs et les moutons sont attachés aux arbres, dans leur insouciance entretemps, c’est leur vie arrachée qui fera la beauté de la fête. Quant aux poulets, les coqs nous réveillaient de leur plus belle voix, alors qu’ils passeront à la casserole.

Les ignames fraîches sont entassées dans les cuisines, l’huile rouge, les œufs et les kaolins, feront le décor.

Ah, Abongoua, mon village devenu ville à mon absence. Dans les bars pavoisant les rues rouges de notre terre rougeâtre, la musique coulait et les uns et les autres, se retrouvaient pour s’abreuver, le temps d’éteindre une soif.

Abongoua se prépare aux couleurs de la fête des ignames

Abongoua, mon village natal, le berceau de notre humanité, le village de tous les sourires et des bons Hommes.

La nuit tombante, notre artiste chanteur, l’immortel Boni Cantador, vient nous égrener de sa belle voix, les chansons inspirées de la mort, des efforts surnaturels des uns et des autres. Nous, les enfants, on est obligés de rester devant la porte d’entrée, tout en écoutant le son des instruments. Quand Cantador fait son entrée, tard vers 3h du matin, c’est l’extase.

Nous sommes restés devant la porte, n’ayant pas pu avoir accès à la salle. Le matin, la salle de la cour du vieux Kouamé se vide et ce sont, les déchets produits que les femmes balaient.

Waoo, Abongoua ! Maintenons cette flamme, Nanan Eba Louis Serge, pardon, gardons cette flamme, même si aujourd’hui, Boni Cantador n’est plus, mais sa discographie, peut prolonger sa destinée.

Le village s’agrandit. Des cadres naissent, préservons-les. Ce n’est pas parce qu’il y a la crise que des envies doivent envahir les cœurs pour s’éliminer. Nanan Eba, Nanan Eba, Nanana Eba, pardon, il faut profiter de cette fête pour interpeler les mânes, d’intercéder auprès de nos ancêtres, de marquer du sceau de leur pouvoir, pour réduire le nombre des morts suspectes. On dit qu’il y a trop de morts, Nanan.

Nanan Eba, si je pouvais chanter pour bercer ton courage, j’allais te faire parvenir mon dernier disque, mais hélas, je n’ai que ma plume pour vous souhaiter une bonne et belle fête des Ignames.

Cantador n’est plus, mais il existe dans mon esprit et je l’écoute. Heureusement que nous avons encore notre Ahoussi. Bonne et heureuse année lunaire à mes parents d’Abongoua !

                                                                                                Joël ETTIEN

                                              Directeur de publication : businessactuality.com

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