Madagascar: le district d’Antalaha peine à se relever après le cyclone Enawo
A Madagascar, le cyclone Enawo est entré par la façade nord-est de l’île. C’est aussi là qu’il a été le plus violent et le plus destructeur.
Avec des rafales à plus de 300km/h, Enawo a emporté toitures, murs, arbres, collines et récoltes. Quatre jours après le passage du cyclone, comment se relève-t-on de ce cataclysme ? Entre la ville d’Andapa, grenier à grain du nord de l’île et la ville d’Antalaha, région de la vanille et du cacao, les cultures ont été décimées. Dans le district d’Antalaha, 156 000 personnes seraient sinistrées. Samedi 11 mars, les autorités étaient toujours sans nouvelles de 90 villages du district en raison de l’isolement routier extrême et des problèmes de télécommunications causés par Enawo.
Mardi 7 mars à 5 h, Enawo s’engouffrait dans Antalaha, faisant d’elle l’une des villes les plus touchées par le cyclone. Samedi soir, encore un quart de cette cité côtière de 80 000 habitants était inondée.
La ville a été très touchée : les statistiques officielles estiment que 80% des maisons ont été endommagées. Toutefois, le secrétaire exécutif adjoint du Bureau national de gestion des risques et catastrophes, le général Charles Rambolarson, a indiqué que déjà 70% d’entre elles avaient été réparées.
L’urgence de rétablir l’accès à l’eau potable
Pour Ibrahim Dasy, de l’ONG Care, la population est devenue résiliente à ce genre de situation, grâce notamment à des programmes menés depuis plusieurs années pour former les gens à se prémunir de ce genre de catastrophes naturelles. « On a appris aux habitants à construire des maisons plus solides, à gérer les stocks de nourriture, et à conserver les aliments avant les cyclones si bien qu’on a évité le pire », explique-t-il.
L’urgence réside désormais dans l’assainissement et l’abduction en eau potable. Tous les puits ont été souillés. La population commence à boire de l’eau stagnante, faute de mieux. Viendront ensuite la réhabilitation des écoles endommagées, la remise en état des poteaux électriques, aujourd’hui encore à terre. La compagnie d’eau et d’électricité prévoit un retour la normale d’ici 40 jours. Pierre, un habitant d’Antalaha, se plaint, lui de la pénurie de carburant. « Le litre d’essence se vend désormais au triple du prix sur le marché noir », se désole-t-il.
Mais des aides sur le long terme seront aussi nécessaires pour compenser les énormes dégâts causés dans les cultures dites de rentes. Cacao, vanille, girofle : 70% des parcelles ont été détruites. Il faudra entre 3 et 5 ans pour arriver à retrouver la même quantité de production qu’avant le cyclone.
Et sur toute l’île, le bilan ne cesse de s’alourdir : 50 personnes sont décédées, 20 sont portées disparues. On dénombre désormais 176 000 sinistrés, sans compter les 111 000 déplacés. D’après la Croix-Rouge, ce sont 700 000 personnes qui pourraient, à terme, être impactées par ce cyclone et ses effets collatéraux.