Rendons hommage à Justin Stanislas de son vivantCULTURE 

Culture: Et Justin Stanislas s’en est allé.

Justin Stanislas, celui par qui, la mélodie est passée pour nous bercer, vient de tirer sa révérence et ses obsèques vont bientôt se dérouler simultanément à Paris et Abidjan. Considéré comme le doyen des artistes ivoiriens, Justin Stanislas a vécu grâce au soutien de son épouse qu’il appelait affectueusement Wassia, Yvonne Koffi. La femme joue un rôle important dans la vie de tout homme, si et seulement si, l’homme le sait et en tire les profits.

Justin Stanislas a su tirer son épingle du jeu dans cette cohabitation et de cette complicité, sa longévité a été rallongée quand on se réfère à ses amis de la même promotion, Lougah François, Amédée Pierre, Ernesto Djédjé et la liste est longue, mais l’homme a tenu et en a profité. Par le biais de sa femme connue sous le sobriquet de la Marraine de Clignancourt pour y avoir résidé en son temps, il sortait des albums chaque année et vers la fin, il s’est consacré à son Dieu qu’il vénérait à travers des chansons liturgiques.

Le moment de la séparation va bientôt arriver et Justin Stanislas sera désormais dans la mémoire par ses chansons qui passent en boucle et en sourdine. Le vrai crooner s’en va et il s’en est allé. Certains disent que c’est le fait d’avoir choisi de résider hors de son pays qui lui a permis de tenir si longtemps la route, comme si à l’aventure, on ne mourrait pas. Il avait son secret, mais l’homme ne peut pas être éternel. il avait gardé le timbre de sa voix car, quand à la fin de son règne, il nous recevait, il chantait pour nous faire passer des moments inoubliables en sa compagnie, il avait sa voix d’enfant.

Il s’emparait de sa guitare et le temps que sa Wassia finisse une bouffe dans nos assiettes, on ne voyait pas le temps passé, mais les rides qui se pressaient de lui tondre son visage, en disaient long. L’homme qui aimait la sape, dans ses lunettes noires, sur un pantalon en cuir, l’icône de la musique ivoirienne a posé définitivement sa guitare, son micro et pour le moment, son appartement situé au 15ème étage de Champigny sur Marne, refuse du monde.

Revenons donc à notre cri de cœur, donc, Justin Stanislas aussi, n’aura aucune stèle dédiée en son nom dans son pays ?

Non, on nous fait dire qu’il sera inhumé à Abidjan, comme ça, pour nous autres, nous passerons de temps en temps, lui déposer des gerbes de fleurs pour le saluer, pendant nos moments de vacances, mais cela ne suffit pas pour ce monsieur qui a consacré toute sa vie à la valorisation de la culture ivoirienne, quand on sait qu’il était promu à devenir un militaire.

Une salle, une rue, pourrait porter son nom et à Daloa, sa ville natale, pourquoi pas, lui dédier un grand espace ? Oui, Idibozakpa, sa tribu dont il n’a de cesse de chanter pour honorer ses dignes filles et fils, oui, Idibozakpa, ton fils s’en va. Que comptes-tu faire pour accompagner son corps inerte couché dans un cercueil ?

Bidi, Djéhoua, Justin, il avait trop de prénoms et de sobriquets  le tout mis ensemble, faisait sa force et sa distinction. Il est parti, et bien parti. On nous dit souvent qu’il est né en 1930, peu nous importe, mais il ne le faisait pas ce nombre d’années. Justin Stanislas était un bel homme donc ? Waoo, nous sommes debout au milieu de cette foule qui va s’amasser sur le  long de la voie pour le saluer, et surtout quand, les membres du gouvernement, avec à leur tête, madame la ministre de la culture, lui rendront ce témoignage, les jeune sauront qu’emprunter le chemin de la musique, n’est pas synonyme d’échec. 

Adieu, le fils de Gnan Yohou, Adieu, le bel homme qui a fatigué le regard des femmes, le rêve d’une virée nocturne, Adieu, l’homme qui a écouté son cœur pour nous rendre joyeux par moment et tristes par moment aussi, à travers ses chansons dont la mélodie suffisait, pour comprendre qu’il chantait la mort. Aujourd’hui, les deux sont devenus voisins. Pars en paix et tu n’as pas démérité. Pars, oui pars.

On te cherchera longtemps dans l’air, parmi les oiseaux qui s’envolent, mais tu ne seras pas parmi eux, mais sois assis à la droite du Dieu que tu as servi. Nos mains tremblent à t’écrire, une oraison, mais pas un hommage. Mon regard se perd donc à te chercher désormais, mais la loi de la nature, tu en as été victime. Non, grand Dieu!

Joël ETTIEN
                        Directeur de publication: businessactuality.com

Related posts

Leave a Comment