Rendons hommage à Justin Stanislas de son vivantCULTURE 

Mes souvenirs de Justin Stanislas, l’immortel.

Depuis hier, je me sens lourd de tristesse à l’idée de me souvenir que le doyen, le baobab de la musique ivoirienne que je côtoyais régulièrement à Paris, Justin Stanislas, nous a quittés et qu’il repose désormais dans la solitude en bordure du cimetière de Williamsville avec un portrait qui indique son domicile.

Plusieurs souvenirs me trottinent dans la tête, surtout le soutien sans faille de son épouse qu’il m’avait poussé à l’appeler aussi Wassia, la marraine de Clignancourt et ses enfants qui ont grandi aujourd’hui, étaient tous petits.  

Les deux me prévenaient deux jours à l’avance de notre rendez-vous et soit j’y allais seul ou me faire accompagner par mon épouse qu’il appelait « maman » parce qu’elle a son petit nom: Yohou et nous nous rendions à Champ sur Marne, au XVème étage de son appartement.

Quand il s’agissait de tourner un clip, je retrouvais le jeune frère Mathieu Ekara, ce grand réalisateur chevronné et nous partageons quelques idées avant de descendre pour choisir un parc et c’est celui de La Courneuve dans le 93, Seine Saint-Dénis. En été, la verdure associée aux différentes odeurs des fleurs et lacs artificiels, nous donnait largement le temps et le latitude de choisir l’espace où on fait danser le doyen avec son petit sourire.

Il aimait tellement nous taquiner qu’on ne voyait pas le temps passé. Il avait rendu un grand hommage à son aîné Rabet Kanon et le clip devait se réaliser en deux tomes, une partie à Paris et l’autre à Abobo-gare où résidait ce dernier. 

Quand il avait sorti sa chanson qui m’a marqué et continue de faire flairer son odeur d’immortel: « Wassia, ne me quitte pas. », je me suis dit, mais il fait comment ce monsieur pour penser à cette dimension extraordinaire. La réponse à ma question résidait dans ses sourires. Est il me disait souvent que quand il allait chercher sa femme au travail, le temps qu’elle arrive, il peut égrener de l’inspiration sur un bout de papier et plus tard, ça devenait une chanson. Ah, Meiway, le soupape des derniers moments du vieux. Salut à toi.

Dans une de ses chansons, il m’avait cité, mais c’est celle qu’il a rendu à ses mamans de Idibozakpa qui me faisait danser tellement que j’adore la mélodie et souvent, il me disait, voilà quelqu’un à qui je rends hommage dans une chanson et qui préfère celle consacrée à mes mamans.

Justine Stanislas, je lui disais souvent qu’il était immortel et il me disait aussi que je l’étais aussi parce que j’écris beaucoup. Autour de l’homme, je garde trop de bons souvenirs. Dans sa vieillesse, dès qu’il apprenait que nous traversions un deuil, il fait tout pour escalader le hall de nos immeubles pour venir nous apporter sa compassion et c’était aussi le côté humain de l’homme.

Le jour de son dernier jour, une pluie s’est abattue sur la ville d’Abidjan et nous avons cru que son inhumation allait être reportée dans l’après-midi et le temps que cette pluie méchante comme un chien affamé finisse, mon idôle était déjà enfoui dans un trou qui lui sera à jamais son domicile.

Doyen, comme je l’appelais, ce matin comme si tu étais encore en vie, ma tête bourdonne de tes faits et gestes, surtout de tes différents messages mélodieux que je n’arrête pas d’écouter.

C’est une dédicace à notre Wassia, la femme velour, la patiente, le modèle de femme qui accepte tout et prend soin de son choix. Elle a tout fait pour remettre son homme en selle, mais nous sommes des êtres humains, on naît, on grandit en laissant des traces et on meurt et je réalise que l’immortel Justin Stanislas n’est plus. Doyen repose en paix.

                                      Joël ETTIEN

            directeur de publication: businessactuality.com

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