Togo: haute tension avant des législatives sans enjeux ni opposition

Les législatives togolaises ont lieu ce jeudi 20 décembre, une journée déclarée fériée, chômée et payée selon les autorités. Quelque trois millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour élire leurs députés. Il s’agit cependant d’un scrutin sans enjeux majeurs puisque la coalition des 14 partis d’opposition (C14) n’y prend pas part.
Douze partis et 25 indépendants sont en lice, soit un total de 850 candidats sur 130 listes pour 91 places.

La C14 avait jusque-là 25 députés, soit un peu plus d’un quart des postes. Mais la coalition des 14 partis d’opposition estime que ce scrutin est un coup de force électoral, car selon elle, les autorités n’ont pas respecté leurs engagements inscrits dans la feuille de route de la Cédéao. La coalition fait allusion aux mesures d’apaisements et aux réformes institutionnelles et constitutionnelles. Elle estime, dans ce contexte, que les élections ne peuvent pas être libres et transparentes.

Début décembre, la C14 avait donc appelé à manifester pendant une quinzaine de jours pour demander l’arrêt du processus électoral. Les manifestations des 8 et 9 décembre ont été réprimées, causant la mort d’au moins quatre personnes, dont trois tuées par balles, notamment un enfant de 12 ans.

Un scrutin sous haute sécurité

Le scrutin a été toutefois maintenu malgré le contexte tendu. Difficile de savoir comment les sympathisants de la C14 vont réagir. Vont-ils uniquement s’abstenir de voter ? Vont-ils descendre dans la rue, voire empêcher le bon déroulement du scrutin ?

En tout cas, le vote anticipé des forces de sécurité mardi 18 s’est déroulé dans le calme : aucun incident n’a été rapporté.

Les autorités se disent confiantes, mais la vigilance reste de mise. La Force sécurité élection 2018 (FOSE) a été mise sur pied, soit 8 000 hommes qui auront pour mission de sécuriser les bureaux de vote, entre autres. Militaires, policiers et gendarmes ont par ailleurs été déployés en masse à travers le pays, hommes armés et blindés sont également visibles à certains carrefours de Lomé et dans les grandes agglomérations.

Occupée depuis le début du soulèvement du 19 août, Sokodé est devenue une ville militaire. La répression a fait des victimes. Certains ont donc préféré quitté la ville avant le scrutin.

Le taux de participation est l’autre inconnue de cette journée. La crainte de voir le scrutin émaillé de violences pourrait en effet dissuader les Togolais de se rendre aux urnes.

L’enjeu du scrutin étant quasi nul en l’absence de participation de la coalition des quatorze partis d’opposition, une certaine proportion de la population pourrait alors choisir de s’abstenir de voter. D’autant que de nombreux mouvement de la société civile et des religieux ont dénoncé la tenue de ces élections sans réformes institutionnelles et constitutionnelles préalables.

Grand ménage à l’Assemblée

En tout cas, en l’absence du C14, ce scrutin préfigure un renouvellement quasi intégral des rangs de l’Assemblée nationale. Des candidats jeunes, un plus grand nombre de femmes. C’est la tendance de ces élections législatives pour l’ensemble des douze partis et des indépendants qui présentent des listes.

A l’Union des Forces de changement, UFC, 100% des candidats sont des nouveaux venus. Fini la vieille garde, place aux nouveaux visages.

Le parti au pouvoir, UNIR, a de son côté fait le grand ménage. Au risque de faire grincer les dents des barons du régime du président Faure Gnassingbé, 75 % de ses candidats à la députation sont des novices. Moyenne d’âge : 40 ans. Et plus de 45 % de femmes.

Même tendance du coté de Nouvel engagement togolais (NET). Idem pour les listes d’indépendants.

rfi Afrique

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