Vatican: 2 prêtres poursuivis pour pédophilie

La pandémie de Covid-19 a mis pendant plusieurs mois en sommeil les affaires au Vatican. Affaires financières mais aussi affaires de mœurs. Et voilà qu’elles reviennent sur le devant de la scène. Ce mercredi 14 octobre s’ouvre en effet devant la justice vaticane le procès de deux prêtres pour pédophilie. Un procès qui est rare dans le plus petit État du monde, mais qui témoigne que les lignes bougent.

Scandale au Vatican

Le procès concerne le pré-séminaire Saint Pie X. C’est là, dans cet établissement situé dans le Vatican, que depuis 1956 sont formés ceux qui vont servir les cérémonies dans la basilique Saint-Pierre, les « enfants de chœur » du pape. Deux prêtres sont sur le banc des accusés : le premier est poursuivi pour abus sur mineurs, le second est l’ancien recteur de Saint Pie X. C’est un ancien séminariste polonais qui avait lancé l’alerte, affirmant avoir été témoin d’attouchements qui auraient même eu lieu jusque dans la sacristie de la basilique Saint-Pierre. Le tribunal de la cité du Vatican va donc vérifier les accusations et entendre les deux prêtres.

Ce genre de procès à l’intérieur de l’enceinte vaticane est rarissime : jusqu’ici, le seul procès pour pédophilie avait concerné un ancien diplomate du Saint-Siège il y a cinq ans, mais l’accusé était mort avant même que soit établie sa culpabilité. La justice vaticane progresse : elle est désormais plus rapide avec la volonté d’en finir avec la culture du secret.

Scandales financiers : la « dame du cardinal »

Toute la presse italienne en parle depuis trois semaines, avec dans l’œil du cyclone le cardinal Angelo Becciù, 72 ans. Le 24 septembre, ce Sarde a été poussé à la démission par le Pape François. Angelo Becciù reste cardinal mais a perdu ses attributions, c’est-à-dire qu’il ne pourra plus élire un pape en cas de conclave.

Que lui reproche-t-on ? D’avoir détourné des fonds à l’époque où il était substitut de la secrétairerie d’État, le numéro 2 de la Curie, un poste-clé qu’il occupait jusqu’en 2017. Les fonds en question auraient bénéficié à sa famille. S’il ne fait pas encore l’objet d’une enquête interne, cinq de ses proches sont poursuivis par les procureurs du Vatican pour avoir aussi participé à une transaction financière opaque dans l’achat d’un immeuble de luxe à Londres.

En Italie, les déboires du cardinal Becciù prennent des allures de thriller. Il y a quelques jours, la presse révélait le nom de Cecilia Marogna, une Sarde – elle aussi – de 39 ans, consultante en relations internationales et dont la société basée en Slovénie aurait reçu un virement de 500 000 euros, grâce à Mgr Becciù. La confiance du prélat aurait été abusée car cette somme qui devait servir à des missions humanitaires a fini en dépenses de produits de luxe. La « dame du cardinal », comme toute la presse transalpine la surnomme, a été arrêtée ce mardi soir à Milan par la police financière.

Le pape François fait le « ménage »

Le pape veut accélérer les réformes et cela paie. Chose rare, le procès qui s’ouvre ce mercredi a lieu au Vatican avant même de se tenir devant la justice italienne. Car les dénonciations contre les deux prêtres avaient également été faites auprès du parquet de Rome, mais elles n’ont pas encore permis la tenue d’un procès. Pareil pour l’affaire Becciù-Marogna : ce sont les enquêteurs du Vatican qui ont alerté Interpol, ce qui a permis l’arrestation de la jeune femme. Une célérité que l’on ne connaissait pas avant.

Le pape a récemment agrandi l’équipe d’enquêteurs au sein de la justice vaticane. Autre nouveauté : les mesures anti-blanchiment au sein du plus petit État du monde ont été renforcées par un décret le 10 octobre avec la confirmation d’un poste-clé aujourd’hui au Vatican, celui de « promoteur de justice », l’équivalent de procureur dans le système judiciaire français. « Le Saint-Siège est fermement résolu à poursuivre sur la voie des réformes », avait averti le Pape François en début d’année devant les magistrats du Vatican.

repris par Jason